L’industrie forestière au service de l’environnement et de nos régions
Depuis des décennies, des activistes accusent l’industrie forestière de tous les maux et cherchent à la dépeindre comme appartenant au passé. Or, un examen plus approfondi du secteur forestier indique tout le contraire: il s’agit d’une industrie qui ne cesse d’innover et d’améliorer ses procédés, qui s’impose plus que jamais comme une alliée dans la lutte contre les changements climatiques, en plus de jouer un rôle de premier plan dans l’économie régionale du Québec.
En effet, les entrepreneurs forestiers sont des acteurs de plus en plus importants de l’économie circulaire. Les résidus forestiers sont dorénavant revalorisés de différentes façons, notamment comme fertilisant organique pour le secteur agricole. Dans le cas de certaines entreprises, plus de 90% de certains types de résidus de scierie sont ainsi transformés en engrais pour les agriculteurs. Une autre utilisation consiste à transformer des copeaux de bois en charbon de bois spécial, lequel est utilisé pour restaurer les sols contaminés et y produire des effets bénéfiques à long terme.
La chaleur résiduelle issue des usines de pâte à papier peut également réduire les coûts énergétiques des serres. Depuis 2016, un complexe de serres situé à Saint-Félicien a adopté cette approche alors qu’une usine adjacente fournit 25% de la chaleur consommée par les serres. La réduction des GES émis par l’usine à la suite de ce changement équivaut au retrait de plus de 2000 véhicules du réseau routier de la province.
À cela s’ajoute le fait qu’une industrie forestière saine permet à nos arbres de capter davantage de CO2. En effet, les arbres qui meurent et se décomposent relâchent dans l’atmosphère tout le carbone qu’ils ont emmagasiné au cours de leur vie. En récoltant les arbres au moment opportun, le renouvellement de la forêt permet de capter du CO2. Il faut savoir que nos forêts subissent nettement plus les effets de la défoliation causée par les insectes que ceux de toute activité humaine. Malgré tout, la forêt québécoise continue de se régénérer plus rapidement qu’elle n’est récoltée et le gouvernement du Québec doit être félicité pour sa récente décision d’augmenter de manière responsable les coupes forestières.
En 2015, une étude commandée par le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs du Québec s’est penchée sur les gains de productivité possibles lors de la transformation de bois de feuillus de qualité inférieure. L’étude a conclu que le déploiement de nouveaux processus d’optimisation dans les scieries pouvait diminuer significativement (jusqu’à 36%) la quantité de bois nécessaire à la production de certains types de planches. C’est précisément ce à quoi l’industrie s’emploie depuis lors, au grand bénéfice des entreprises et des travailleurs d’ici.
Le recours à de nouvelles technologies permet également à l’industrie de mieux cibler les sections de la forêt à récolter et les arbres à couper. Ainsi, la proportion de bois inutilisable à des fins commerciales a chuté de façon significative, et les scieries sont de plus en plus à même de trouver des débouchés pour l’ensemble du bois récolté. Lorsque l’on constate qu’il est dorénavant possible d’en faire plus avec moins, il est facile de comprendre pourquoi l’industrie forestière connaît un véritable essor économique.
Le secteur forestier est plus fort, plus agile et plus productif que jamais auparavant. Il saisit les opportunités qui se présentent et sait se renouveler pour s’adapter aux nouvelles réalités et répondre aux enjeux actuels au cœur de nos préoccupations, dont les changements climatiques. On ne saurait non plus passer sous silence son poids économique: en 2020, cette industrie représentait 8% des exportations totales du Québec, alors qu’en 2019, les activités de transformation du bois ont généré 3% du PIB de la province et quelque 30 000 emplois. Même si certains activistes se plaisent à lui faire la vie dure, l’industrie forestière n’en demeure pas moins vitale pour plusieurs de nos régions. Et elle semble bel et bien partie pour rester!
Olivier Rancourt is an Economist at the MEI and Miguel Ouellette is Director of Operations and Economist at the MEI. They are the authors of “Forestry: A Sector That Keeps Innovating” and the views reflected in this opinion piece are their own.