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Écoutons les citoyens. Repensons notre système de santé

Opinion piece featured exclusively on our website.

Cette année encore, les salles d’attente des hôpitaux québécois débordent. La COVID-19, la grippe saisonnière et les autres virus respiratoires ont rapidement rempli les quelques lits qui étaient encore inoccupés.

Ce constat n’est pas nouveau. Nos journaux l’ont aussi rapporté l’an dernier, et l’année d’avant, et celle qui l’a précédée. En fait, La Presse titrait déjà « Les urgences des hôpitaux débordent » le 30 décembre 2010. On doit faire face à la réalité : le système de santé ne fournit plus, et ce, depuis longtemps.

Les données montrent que les Québécois et les Canadiens le réalisent. Un sondage de l’Institut économique de Montréal publié en novembre dernier montre qu’un citoyen sur deux est insatisfait de l’état du système de santé, une hausse de 17 points de pourcentage depuis l’année précédente.

Sans surprise, le niveau d’insatisfaction augmente aussi avec l’âge, signe que ceux qui interagissent le plus souvent avec le système sont ceux qui voient le plus ses lacunes.

Ce n’est pourtant pas l’argent qui manque. Au cours des 10 dernières années, les dépenses en santé au Québec ont crû de 18,5 milliards de dollars – soit l’équivalent de 1 828 $ dollar par homme, femme ou enfant. Même en ajustant en fonction de l’inflation, on se rend compte que les budgets en santé ont augmenté bien vite, en même temps que les temps d’attente.

D’ailleurs, les Québécois et Québécoises ne sont pas dupes : ils ont bien vu que les montants pharaoniques injectés dans le système par notre gouvernement n’ont pas donné de résultat. Seule une personne sur cinq croit encore que ce nouvel argent a amélioré le système. Et près de 70 pour cent de nos concitoyens et concitoyennes croient que le rythme d’augmentation des dépenses n’est pas viable.

Le constat est donc clair : la population n’est pas prête à remettre toujours plus d’argent dans un système qui ne fonctionne pas. Ce qu’elle demande est plutôt une vraie réforme du système afin de réduire les listes d’attente une bonne fois pour toutes.

La bonne nouvelle est que ce n’est pas les modèles qui manquent. Sans brandir l’épouvantail du système de santé américain, il est possible de s’inspirer de modèles mixtes, comme en France et en Suède, où l’accès universel aux soins de santé est garanti par une assurance publique, mais où certains hôpitaux sont dirigés par des entrepreneurs indépendants.

En France, par exemple, les entreprises privées ou les organismes sans but lucratif comptent pour 40 pour cent des prestataires de soins dans le système d’assurance gouvernementale. En Suède, l’hôpital Saint Göran est un exemple de succès d’un hôpital privé opérant dans un système d’assurance universelle.

Il est clair que ces systèmes fonctionnent. Ni la France ni la Suède ne font régulièrement les manchettes avec des urgences saturées et des délais d’attente interminables. On n’y voit pas non plus les histoires d’horreur que l’on associe au système américain.

Devant de tels résultats, il n’est pas étonnant que trois Québécois sur quatre se disent ouverts à l’idée d’expérimenter des systèmes mixtes, tels qu’on les voit en France et en Suède.

On ne doit pas se surprendre du fait que certains politiciens ont choisi – à tâtons – d’explorer l’idée au cours de la dernière élection. Le projet pilote de mini-hôpitaux de la CAQ, par exemple, va manifestement en ce sens.

Et bien qu’il se limite pour le moment à deux hôpitaux – un à Montréal et un à Québec –, il n’y a pas de doute qu’à terme, le fait de brasser les structures de la sorte et de permettre à des gens en dehors du système gouvernemental québécois de mettre la main à la pâte pour trouver des solutions va aider à améliorer notre accès aux soins de santé.

Espérons seulement que cette promesse se concrétise : ce serait de bonnes bases sur lesquelles bâtir le système de santé repensé que les Québécois et Québécoises méritent.

Emmanuelle B. Faubert is an Economist with the MEI. The views reflected in this opinion piece are her own.

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