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Québec ressort la politique du gros chèque

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Jamais autant d’argent versé en taxes et impôts par les ménages québécois n’a été versé d’un coup à une seule entreprise privée.

Au total, les gouvernements fédéral et provincial se sont engagés à verser jusqu’à sept milliards de dollars pour convaincre la Suédoise Northvolt de bâtir une usine ici. La part de Québec, à elle seule, atteint près de trois milliards de dollars.

Cet argent-là provient directement de la panoplie de taxes et d’impôts que nous payons chaque année sur notre revenu, nos biens de consommation, etc.

Loin d’être un problème, cette annonce, aux yeux du gouvernement, devrait nous réjouir.

Pourtant, la succession de ratés en matière d’aide financière par l’État québécois aurait dû allumer le voyant rouge sur le tableau de bord des décideurs politiques.

À ce chapitre, plusieurs se souviendront de la saga de la Gaspésia, dont la relance a été subventionnée par le gouvernement de Bernard Landry au début des années 2000. Le projet s’était soldé par une perte de 250 millions de dollars d’argent public.

Sous Jean Charest, l’exemple de la mine Renard de Stornoway Diamonds vient en tête. La mine a bénéficié de plus de 740 millions de dollars des poches des Québécois et Québécoises. En 2019, l’entreprise a été reprise par ses créanciers pour une bouchée de pain après avoir perdu de l’argent pendant plusieurs années.

Sans oublier que sous le gouvernement de Pauline Marois, le gros investissement du moment était la fameuse cimenterie de Port-Daniel–Gascons. Cela s’est soldé par une perte de 472 millions de dollars pour le trésor public.

Et c’est sans parler du gouvernement Couillard et du milliard de dollars mis dans la fameuse C Series de Bombardier à l’époque.

N’allons pas croire que le gouvernement du Québec est le seul à essayer de subventionner jusqu’à la prospérité; on n’a qu’à penser aux mégasubventions annoncées à Volkswagen et Stellantis en Ontario, par exemple.

Cela étant dit, on comprend bien que la politique du gros chèque adoptée par le gouvernement de François Legault et mise en œuvre par son ministre Pierre Fitzgibbon n’a rien de particulièrement innovant.

La bonne nouvelle, c’est que la province et son économie se développent en dépit de ces efforts.

Alors que le gouvernement Landry annonçait le sauvetage de la Gaspésia en 2001, la valeur totale produite par habitant au Québec, ajustée à l’inflation en dollars d’aujourd’hui – ce que les économistes appellent le PIB réel per capita –, était de 51 274,10 $.

Les données les plus récentes de décembre 2021 indiquent que nous en sommes aujourd’hui à 64 990,16 $ par Québécois et Québécoise. Une croissance de 26,8 pour cent!

Si notre économie croît, c’est grâce au génie des gens qui y vivent et à la capacité de nos entrepreneurs d’innover, malgré les nombreuses barrières réglementaires et embûches fiscales dressées par nos gouvernements.

Plutôt que de verser la subvention la plus élevée de l’histoire du Québec, le gouvernement devrait se recentrer sur sa mission : établir un cadre fiscal et réglementaire attractif pour les entrepreneurs d’ici et d’ailleurs.

Pour le moment, il opte plutôt pour la politique du gros chèque. C’est payant pour Northvolt, mais l’histoire nous apprend que ça risque de coûter très cher aux Québécois et Québécoises.

Gabriel Giguère is a Public Policy Analyst at the MEI. The views reflected in this opinion piece are his own.

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