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L’État contre les cavistes

Opinion piece featured exclusively on our website.

Cela devait être un système gagnant-gagnant.

Pour le consommateur, les cavistes offrent un moyen d’acheter au commerce des vins qui ne sont pas disponibles à la Société des alcools du Québec, sans pour autant avoir à les prendre à la caisse comme chez les importateurs.

Pour le gouvernement, la marge qu’il fait sur les bouteilles est aussi grande qu’en SAQ, sans avoir à maintenir toute l’infrastructure de vente. C’est du profit pur pour l’État.

Malheureusement, l’organisme chargé de réglementer le tout, la Régie des alcools, des courses et des jeux, semble avoir décidé de partir en guerre contre les petits commerçants ayant adopté le modèle de cavistes.

En octobre dernier, l’organisme a choisi de retirer le permis de vente d’alcool à un caviste montréalais – le restaurant Boires – prétextant notamment qu’une trop grande part de leur chiffre d’affaires consistait en la vente de vins, et que l’offre alimentaire n’était pas assez développée aux goûts de son inspecteur.

Pour le petit commerce montréalais, la perte du permis – même sur une base temporaire – signifie fonctionner à perte, la majorité de ses revenus provenant de la vente de vins. Cela met à risque le gagne-pain de ceux et celles qui y travaillent.

Et bien que cette décision de la RACJ n’affecte que le restaurant Boires en ce moment, l’industrie ne cache pas ses craintes, puisqu’elle offre à l’organisme réglementaire un précédent sur lequel s’appuyer afin de donner la vie dure aux cavistes.

Pourtant, bien que le modèle d’affaires soit récent au Québec, le gouvernement caquiste ne semble pas s’opposer à son existence, bien au contraire.

Si pareil modèle existe, c’est-à-dire un modèle d’établissement qui vend du vin pour emporter, à l’achat d’aliments préparés, c’est parce qu’il s’inscrit dans les modifications réglementaires faites pour aider les restaurateurs à survivre à la pandémie.

Le projet de loi 72, adopté en décembre 2020, permet aux titulaires d’un permis de restaurant de vendre des bouteilles de vin scellées pour emporter, pourvu que le client achète un repas préparé. Dans le texte de loi, rien ne semble indiquer de pourcentage maximal des ventes pouvant provenir de la vente d’alcool, ou de revenus minimaux associés à la vente de nourriture.

C’est cette même modification législative qui permet aujourd’hui à Saint-Hubert et d’autres restaurateurs de livrer des repas, avec bouteilles de vin ou canettes de bière, à leurs clients.

Les cavistes contribuent à améliorer l’offre disponible pour le consommateur québécois, et doivent se plier aux règles qui entourent le monopole d’État sur l’importation des vins et spiritueux. Cet excès de zèle additionnel de la RACJ est tout simplement indéfendable, et est le fruit d’une monomanie à prohiber des actes autrement tout à fait légitimes et utiles.

Espérons que le gouvernement rappellera la RACJ à l’ordre, avant que cet organisme ait raison des cavistes.

Renaud Brossard is Senior Director, Communications at the MEI. The views reflected in this opinion piece are his own.

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