L’endettement des générations futures n’est pas un bon projet de société
Le gouvernement Legault semble préparer le terrain pour une série de budgets écrits à l’encre rouge. Lors de la mise à jour économique, l’automne dernier, le ministre des Finances, Eric Girard, semblait pourtant maintenir le cap vers un retour à l’équilibre budgétaire dans un horizon de cinq ans.
Depuis, les négociations avec les fonctionnaires et autres employés de l’État ont abouti à une entente d’augmentations salariales bien plus importante que ce que Québec avait prévu. Passant d’une augmentation salariale de 10,3% à 18,6%, en intégrant l’effet composé des hausses, on peut comprendre que le résultat a creusé un moyen trou dans le budget.
Il est estimé que ces augmentations plus élevées que prévu auront un coût de 4,1 milliards de dollars pour l’année financière 2027-2028 seulement. Au cours des cinq prochaines années, cet écart par rapport aux augmentations prévues devrait coûter plus de 10 milliards additionnels aux contribuables québécois.
Dépenses
Si les négociations ont alourdi la pression sur les dépenses gouvernementales, le retour à l’équilibre budgétaire le plus rapidement possible – au plus tard en 2027-2028 – n’en demeure pas moins souhaitable. S’assurer de ne pas dépenser plus que ses revenus devrait être la norme pour le gouvernement.
Pour y arriver, le gouvernement devra réduire le rythme auquel ses dépenses croissent, pour que l’État ne vive pas éternellement sur sa carte de crédit. Cette dette nous coûte cher et, si rien n’est fait, elle nous coûtera de plus en plus cher – tant à nous qu’à nos enfants.
Les paiements en intérêt sur la dette nous privent d’environ 10 milliards cette année, et tout indique que ce montant ira en croissant au cours des prochaines années.
C’est autant d’argent qui ne peut être mis en santé, en éducation, ou laissé dans les poches des Québécois – les contribuables les plus taxés d’Amérique du Nord.
Le défi est donc de trouver une façon pour le gouvernement de respecter son engagement avec les fonctionnaires et autres employés de l’État, tout en revenant graduellement vers l’équilibre budgétaire.
Comité de révision des dépenses
La création d’un comité de révision des dépenses aiderait grandement, en permettant de cibler les dépenses superflues afin de les éliminer.
Au fédéral, le gouvernement Harper s’était doté d’un tel comité pour optimiser les ressources de l’administration publique fédérale de l’époque. L’épargne s’est principalement faite du côté opérationnel, et a permis d’identifier cinq milliards de dollars en économies récurrentes.
Du côté du gouvernement Chrétien, des suppressions de postes marquées dans les ministères avaient été effectuées pour assurer une réduction des dépenses.
En ce sens, le gouvernement Legault pourrait d’abord mandater le comité afin d’effectuer une révision des dépenses et des effectifs de fonctionnaires, qui croissent année après année.
Rappelons-nous qu’avant la pandémie, le premier ministre François Legault s’était fait élire en promettant d’abolir 5000 postes de fonctionnaires.
Cette promesse est d’autant plus d’actualité aujourd’hui alors que le Québec vit avec un déficit budgétaire important, et que les ministères ont grossi de 5223 employés. Notons que ce chiffre ne considère que les employés des ministères, et non l’ensemble des employés gouvernementaux.
Il ne s’agit pas de savoir si la réduction de la croissance des dépenses est possible, mais plutôt si le gouvernement en place à la volonté politique de faire preuve de rigueur budgétaire.
Le budget qui sera déposé le 12 mars se doit d’établir une voie claire vers le retour à l’équilibre budgétaire au plus tard pour l’année 2027-2028.
L’absence de déficit pour les générations futures doit faire partie des priorités.
Renaud Brossard is Vice President, Communications at the MEI and Gabriel Giguère is a Public Policy Analyst at the MEI. The views reflected in this opinion piece are their own.