Gaz naturel et lutte aux changements climatiques: les deux font la paire
On apprenait récemment que les gouvernements canadien et allemand se rencontreront le 26 janvier dans le cadre d’une conférence entre «partenaires énergétiques», qui a pour but d’encourager le développement du gaz naturel liquéfié (GNL) canadien et son exportation vers l’Allemagne. Alors que Justin Trudeau a qualifié le GNL d’énergie propre et que l’Union européenne souhaite accorder au gaz naturel l’étiquette d’énergie verte, il faut se demander pourquoi le Québec, qui détient des réserves aux retombées économiques estimées à plus de 93 milliards de dollars, n’exploite pas cette ressource.
La transition énergétique ne se fera pas en criant ciseau. Le gouvernement allemand, comme ceux de beaucoup d’autres pays européens, en est bien conscient. Son objectif est donc de continuer à pouvoir répondre à la demande énergétique interne, tout en diminuant les émissions de ce secteur. La solution: se tourner vers le gaz naturel, moins polluant que les autres combustibles fossiles utilisés dans ces pays, comme source d’énergie pour la période de transition. Étant donné la demande croissante et l’offre restreinte pour cette ressource, le territoire européen est le théâtre d’une explosion des prix du gaz naturel qui l’a fait grimper à plus de huit fois son prix du début de 2021.
La situation est encore plus préoccupante en Allemagne à la suite de la fermeture de plusieurs centrales nucléaires, ce qui a provoqué une augmentation de la dépendance énergétique au gaz naturel russe. Pour poursuivre leur transition énergétique, les pays européens auront besoin d’accéder à de nouvelles sources de gaz naturel, sans quoi l’Allemagne et d’autres pays devront retourner à des énergies comme le charbon. Pendant ce temps, au Québec, le gouvernement souhaite interdire l’exploration et l’exploitation gazière dans la province. Ce même gouvernement a aussi rejeté l’établissement d’une usine de liquéfaction de gaz naturel au Saguenay, qui visait à répondre à la demande énergétique européenne et mondiale pour accélérer la transition énergétique. La raison donnée dans les deux cas? Le gaz naturel émettrait trop de gaz à effet de serre.
Ce que le gouvernement du Québec doit saisir, c’est que la lutte aux changements climatiques est un combat mondial. En 2019, il y avait deux fois plus d’énergie produite par des centrales au charbon que par les énergies renouvelables en Europe. Pourtant le gaz naturel est bien moins polluant que le charbon. De 2010 à 2018, la conversion de centrales électriques au charbon vers le gaz naturel a diminué les émissions mondiales de 500 millions de tonnes de CO2, ce qui équivaut à remplacer 200 millions de voitures à essence par des voitures électriques. Pourquoi ne pas contribuer à ce combat mondial en tant que Québécois et Québécoises?
Des solutions existent au Québec
Le gouvernement fédéral a bien raison: l’exportation de gaz naturel contribue directement à la transition énergétique et à la lutte aux changements climatiques. Plutôt que de se battre devant les tribunaux contre les entrepreneurs qui désirent développer cette ressource énergétique facilement exportable partout dans le monde, Québec devrait profiter des avantages géologiques de son territoire afin de devenir un leader mondial en la matière. C’est en exportant notre gaz naturel pour remplacer des méthodes plus émettrices en équivalent CO2 que le Québec va réellement contribuer à la réduction des gaz à effet de serre, partout sur la planète.
Miguel Ouellette is Director of Operations and Economist at the MEI and Olivier Rancourt is an Economist at the MEI. The views reflected in this opinion piece are their own.