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Des grèves aux conséquences graves

Bien souvent, le mieux que le gouvernement puisse faire afin de favoriser la croissance économique, c’est tout simplement de ne pas lui nuire. Le tout est d’autant plus pertinent que l’on prévoit cette année au Canada une croissance famélique de seulement 0,7%.

Plutôt que de mettre en veilleuse ses idées susceptibles de favoriser l’inflation et de freiner la croissance économique, le gouvernement fédéral compte plutôt interdire le recours aux travailleurs de remplacement lors d’une grève ou d’un lockout dans les entreprises à charte fédérale. C’est l’objectif du projet de loi C-58, déposé en novembre 2023.

Si une telle loi est adoptée, les Canadiens risquent de voir une détérioration dans la qualité des services du secteur ferroviaire, aérien, des télécommunications et bancaire, pour ne nommer que ceux-là.

Déjà, l’on voit poindre certains conflits de travail qui, sans l’apport des travailleurs de remplacement, pourraient paralyser une bonne partie du pays.

Empreinte économique

En effet, le syndicat des Teamsters a obtenu deux mandats de grève touchant simultanément les deux plus grands transporteurs ferroviaires du Canada, soit le Canadien National (CN) et le Canadien Pacifique (CPKC).

Cela représente une menace bien réelle pour nos PME, alors qu’elles ont été contraintes de faire face à de nombreuses difficultés dans la logistique de leur approvisionnement au cours des dernières années.

Et comme consommateurs, nous avons déjà vu l’impact qu’un bris dans la chaîne d’approvisionnement finissait par occasionner au niveau du coût des biens de consommation.

L’empreinte économique de nos chemins de fer est gigantesque.

En effet, Transports Canada évalue que cette industrie génère annuellement des revenus de l’ordre de 17,1 milliards de dollars en 2021. Ce n’est pas négligeable. Mais ce qui est nettement plus pertinent, c’est qu’elle permet le transport de biens d’une valeur totalisant 380 milliards de dollars annuellement.

Passagers

Outre la question des marchandises, il y a la question du transport des passagers. Ces grandes compagnies ferroviaires détiennent des ententes avec les organisations responsables de la gestion des réseaux de trains de banlieue, telles qu’Exo à Montréal et Metrolinx à Toronto, ainsi qu’avec VIA Rail pour les grands trajets.

Si les travailleurs essentiels que sont les contrôleurs de circulation ferroviaire tombent en grève et que l’on interdit le recours à des travailleurs de remplacement, par exemple, on peut s’attendre à ce que les réseaux de trains de banlieue doivent réduire considérablement leurs niveaux de service.

Heureusement, le projet de loi C-58 ne sera pas en vigueur lors de cette grève. Empêcher l’intervention de tout travailleur de remplacement lors d’une grève de cette ampleur serait complètement irresponsable.

La littérature économique nous apprend que des projets de loi tels C-58 ont des conséquences importantes sur le marché du travail. Elles rendent les grèves plus fréquentes et elles en augmentent la durée.

Vu l’importance stratégique des secteurs d’activités assujettis à la réglementation fédérale, la liste des conséquences potentielles de C-58 sur la population est bien longue.

On pensera aux secteurs du transport aérien ou des télécommunications, qui sont cruciaux pour permettre à de nombreux Canadiens d’effectuer leur travail ou de rester en contact avec leurs proches.

C’est tout ce contexte qui nous fait craindre un sérieux parti pris de ce gouvernement envers les dirigeants syndicaux, le tout au détriment de l’intérêt du plus grand nombre. Un gouvernement fédéral responsable aura vite fait de décréter un retour au travail pour tous.

Alors que l’économie canadienne mène une lutte aux pressions inflationnistes, il est essentiel que le gouvernement empêche une nouvelle dislocation de nos chaînes logistiques.

Daniel Dufort is President and CEO of the MEI. The views reflected in this opinion piece are his own.

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