Pétrole – Les Québécois vous parlent, faudrait les écouter
Les récentes déclarations du premier ministre du Québec à l’endroit du pétrole albertain, qu’il a qualifié de « pétrole sale », ont semé, à juste titre, la grogne dans l’Ouest canadien. De nombreux Albertains pensent que les Québécois ne veulent rien savoir du pétrole de l’Ouest ou même du pétrole tout court. Pourtant, il n’en est rien.
Une large majorité de Québécois, soit 66 %, préfère que le pétrole provienne de l’ouest du Canada, contre 7 % des États-Unis, 3 % de l’Algérie, 1 % du Nigeria et 1 % de l’ensemble des pays du Moyen-Orient. C’est ce que révèle un récent sondage Léger réalisé pour le compte de l’Institut économique de Montréal. D’ailleurs, aujourd’hui, plus de la moitié de notre pétrole provient du Canada.
On apprend également que 53 % des répondants souhaitent que le Québec produise son propre pétrole plutôt que de continuer d’importer celui qu’il consomme.
Les Québécois préfèrent aussi que le pétrole soit acheminé par pipeline. En effet, ils savent que ce moyen de transport comporte moins de risques que les autres fréquemment utilisés.
À l’évidence, l’opinion des Québécois est fort différente de ce qui est souvent véhiculé par certains groupes de pression et une partie de l’élite politique. D’ailleurs, les résultats sont assez semblables, année après année, lorsque nous sondons les Québécois sur ces questions.
Grands consommateurs d’énergie
Non seulement les Québécois sont ouverts à l’exploitation des hydrocarbures au Canada, mais on apprenait il y a quelques jours, dans un rapport publié par la Chaire de gestion du secteur de l’énergie de HEC Montréal, qu’ils comptent parmi les plus grands consommateurs d’énergie du monde.
En effet, entre 1990 et 2017, les ventes de VUS et de camionnettes ont augmenté de 246 % au Québec et les ventes d’essence ont bondi de 33 %. Cette tendance se maintient, puisque chaque année depuis 2015, ces types de véhicules demeurent toujours les champions au chapitre des ventes. Autrement dit, les Québécois continuent de consommer beaucoup de pétrole.
Ce qui ne veut pas dire que le Québec est un cancre environnemental. Au contraire, nous demeurons la province dont les émissions par habitant sont les plus faibles au pays.
Le Québec a d’ailleurs déjà réduit ses émissions de 11 % entre 1990 et 2016.
La classe politique déconnectée de la réalité
Il existe un écart considérable entre le discours politique et le comportement des citoyens. C’est sans doute parce que les Québécois sont beaucoup plus pragmatiques que leurs élites.
Certes, ils sont bien conscients de l’importance des problèmes reliés au climat, mais ils comprennent aussi que nous avons besoin de pétrole; que ces besoins ne disparaîtront pas de sitôt; que nous devrions nous enrichir grâce au pétrole; qu’à défaut de le produire ici, nous devrions l’acheter de nos concitoyens de l’Ouest et le transporter par le moyen le plus sécuritaire et économique, soit le pipeline.
Il faut arrêter de mélanger la production et la consommation de pétrole.
On peut très bien vouloir diminuer la consommation de pétrole et réduire les GES sans se priver de la prospérité économique qui accompagne l’exploitation de nos ressources et qui nous enrichit collectivement. Bref, les deux ne sont pas en contradiction.
En conclusion, plutôt que de démoniser le pétrole de l’Ouest, Québec devrait adopter des comportements politiques plus alignés avec les désirs des citoyens et cesser de nuire à la production et au transport du pétrole canadien.
Germain Belzile is a Senior Associate Researcher at the MEI. The views reflected in this op-ed are his own.