Transport aérien: les frais pénalisent les voyageurs
Frais d’aéroports, taxes d’accises, droits pour la sécurité des passagers : il existe une panoplie de frais qui font rapidement grimper le prix des billets d’avion. Ces frais additionnels coûtent cher aux voyageurs en plus de nuire à la croissance du secteur aérien.
En effet, le total des recettes perçues par l’ensemble des paliers gouvernementaux sous formes de taxes, de droits ou encore de loyers, qu’elles soient prélevées auprès des consommateurs, des transporteurs aériens ou des aéroports, dépasse 1,5 milliard $ chaque année. C’est énorme !
Une part importante de cette somme ne respecte même pas le principe d’utilisateur-payeur. Ces frais ne sont ni plus ni moins qu’une source de revenus pour le gouvernement.
En cette période de vacances, comment le gouvernement peut-il donner un coup de pouce aux voyageurs et réduire ces taxes et tarifs ?
Le désavantage canadien
Le gouvernement fédéral est responsable des principaux aéroports canadiens ainsi que du programme de sécurité des passagers. Avec les provinces, il impose aussi des taxes sur le carburant et sur les biens et services.
L’effet de toutes ces taxes et frais place les aéroports canadiens dans une situation désavantageuse. Les frais d’utilisation versés aux aéroports canadiens par les compagnies aériennes sont en moyenne 50 % plus élevés que la moyenne des 10 aéroports américains les plus coûteux, et neuf fois plus (!) que la moyenne des 10 aéroports les moins chers. Lorsque la valeur du huard se rapproche de celle du dollar américain, les taxes et frais trop élevés peuvent encourager les Canadiens à traverser la frontière et prendre l’avion aux États-Unis. Et c’est précisément ce qui est arrivé il y a quelques années. Ce genre de situation est préjudiciable tant aux gouvernements qu’aux voyageurs.
En 2017, un rapport du Forum économique mondial plaçait d’ailleurs le Canada au 68e rang sur 136 en ce qui a trait aux taxes sur les billets et aux frais aéroportuaires. Selon un autre indice, produit par l’Association internationale du transport aérien, le pays est au 31e rang parmi 32 pays de l’OCDE pour la compétitivité des frais aéroportuaires et des taxes. Mais il y a une autre raison pour réduire les taxes, droits et frais qui pèsent sur le secteur et ultimement sur les voyageurs.
À faire
Le gouvernement pourrait faire baisser les prix des billets sans nécessairement diminuer ses revenus. C’est que la demande pour les vols est très sensible aux variations de prix, surtout pour les voyages à des fins touristiques. Ainsi, si on réduisait le poids des taxes et des frais qui pèsent sur le secteur aérien, l’augmentation de l’activité économique et des recettes fiscales qui en découlerait permettrait vraisemblablement de compenser au moins en partie les pertes de revenus. Une étude a même conclu qu’au Royaume-Uni, l’abolition des droits sur le transport des passagers entraînerait une augmentation des recettes en provenance du secteur.
Pris individuellement, aucun des droits, frais et taxes n’explique les prix élevés des billets au Canada, mais leur effet cumulatif est certain. À la marge, ils limitent la croissance du secteur aérien et les bénéfices économiques qui en découlent. Le fardeau fiscal qui pèse sur l’industrie aérienne pèse donc aussi sur l’économie canadienne dans son ensemble.
S’ils veulent rendre l’industrie aérienne canadienne plus concurrentielle et lui permettre de maintenir son élan, les gouvernements devraient privilégier une réduction de ce fardeau, en parallèle avec la politique d’ouverture aux investissements étrangers. L’État ne peut pas rapprocher Québec ou Montréal de votre lieu de vacances, mais il peut certainement éviter de rendre le trajet plus coûteux que nécessaire, et peut-être même vous encourager ainsi à voyager plus souvent!
Alexandre Moreau is a Public Policy Analyst at the Montreal Economic Institute and the author of “Air Transport: High Taxes and Fees Penalize Travellers.” The views reflected in this op-ed are his own.