Les « jeunes vieux » politiciens
Nous vivons en ce moment quelque chose d’unique sur la scène politique fédérale.
Le charismatique nouveau chef du NPD, Jagmeet Singh, a 38 ans. En plus d’être une vraie carte de mode, l’avocat de formation se promène à moto et pratique le jiu-jitsu. Le chef du Parti conservateur, Andrew Scheer, lui aussi récemment élu, a le même âge. Quant à Justin Trudeau, c’est le « vieux » du groupe, lui qui a soufflé 45 fois ses bougies d’anniversaire.
Lors des dernières élections fédérales, alors qu’il se frottait à Thomas Mulcair, 63 ans, et à Stephen Harper 58 ans, Trudeau était pourtant le plus jeune politicien dans la course, et de loin!
Bref, un vent de jeunesse souffle sur la colline parlementaire canadienne. Ces candidats se sont fait élire en partie grâce à leur image de renouveau, de changement, de jeunesse. On se serait attendu à entendre des idées nouvelles, à sortir des sentiers connus et à foncer avec des projets de politiques publiques qui mettent en valeur les individus. Mais j’ai bien peur de rester sur ma faim.
Qu’est-ce qu’on nous promet, surtout du côté du NPD et des libéraux? Les mêmes vieilles recettes : aller chercher plus d’argent dans les poches des citoyens et des entreprises, plus de dépenses gouvernementales, le maintien des monopoles publics comme celui de la santé, plus de programmes, plus de réglementation. Même du côté des conservateurs, le « jeune » Andrew Scheer souhaite maintenir le coûteux et régressif système de gestion de l’offre en agriculture.
Est-ce que c’est ça les idées de la nouvelle génération? Hausser le fardeau fiscal de ceux qui ont les moyens de payer des impôts pour ensuite faire des cadeaux politiques à des groupes ciblés, comme l’ont fait tant de politiciens avant eux? Les « jeunes » devraient nous proposer de nouvelles idées au lieu de répéter les erreurs de leurs prédécesseurs, qui nous ont laissé une dette énorme.
Taxer les uns pour donner aux autres, c’est la plus vieille méthode politique du monde. Les jeunes politiciens veulent brasser la cabane? Qu’ils parlent de libertés individuelles, de libre-échange, de mettre fin aux monopoles et de laisser les entrepreneurs se faire concurrence pour nous offrir les meilleurs produits à meilleur prix, et nous offrir moins de gouvernement, pas plus. Là, ils seront originaux et rafraîchissants.
Les jeunes générations voient à quel point les nouvelles technologies, l’innovation, la concurrence, la liberté et la coopération volontaire améliorent continuellement notre vie. Les prises de position des jeunes politiciens devraient refléter cela.
On le sait, ce sont des idéaux que beaucoup de gens partagent. Étrangement, ils ne sont pas souvent défendus par nos jeunes leaders. Imaginez : il faut remonter aux Reagan, Thatcher et Mike Harris de ce monde pour trouver des politiciens qui ont osé remettre en question le statu quo, prendre le parti des contribuables et se battre contre les nombreux groupes d’intérêt. On ne peut pas dire que ces « révolutionnaires » étaient des petites jeunesses dans la fleur de l’âge!
Comme quoi jeunesse ne veut pas dire nouvelles idées, et vice-versa.
C’est inspirant de voir une nouvelle génération arriver sur la scène politique, et de voir qu’il y a des jeunes qui veulent s’investir dans la vie publique. Mais le débat gagnerait à ce que cette jeunesse propose aussi des idées nouvelles, et pas juste du réchauffé.
Jasmin Guénette is Vice President of Operations at the Montreal Economic Institute. The views reflected in this op-ed are his own.