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Op-eds

C’est la liberté économique, stupide!

Le titre emprunte à la citation de James Carville, stratège de Bill Clinton, pendant la campagne présidentielle de 1992.

Il y a quelques jours, mon collègue Vincent Geloso écrivait sur le fait que la liberté économique contribue à réduire les inégalités de revenu. Il donnait l’exemple de la Chine et de l’Inde, qui ont toutes deux libéralisé leur économie et vu le niveau de vie de leurs habitants augmenter. Pourtant, comme il le rappelle, «ces libéralisations étaient modestes: l’Inde et la Chine demeurent dans le bas du classement des pays pour le degré de liberté économique».

En effet, dans certaines sociétés, la taille du gouvernement peut devenir tellement importante qu’au lieu de réduire la pauvreté, elle l’alimente. Ce n’est pas seulement le fait des pays où les gouvernements sont dysfonctionnels et corrompus, comme c’est malheureusement le cas dans certains pays en voie de développement, mais aussi en Occident.

On s’en aperçoit rapidement lorsque l’on s’intéresse aux études qui concernent la liberté économique. Par liberté économique, on entend le résultat de ces politiques publiques qui placent plus de choix entre les mains des individus. Par exemple, ceux-ci sont libres de choisir comment dépenser une plus grande partie de leur revenu parce que les impôts sont moins élevés, il y a une plus grande liberté économique. À l’inverse, lorsque les politiques publiques laissent davantage de choix aux processus politique, comme lorsque le gouvernement décide pour vous de la façon dont votre revenu sera dépensé, il y a moins de liberté économique.

Ces études nous apprennent d’innombrables choses sur le lien entre la pauvreté, les inégalités et le niveau de vie en général, d’une part, et les mauvaises politiques publiques, d’autre part. Par exemple, une étude de chercheurs de l’Université de Floride et de l’Université de l’Ohio a examiné le lien entre la liberté économique et les inégalités dans les 50 états américains entre 1979 et 2004. Elle a trouvé que plus de liberté économique mène à moins d’inégalités, jusqu’à ce que l’on atteigne un point où davantage de liberté n’améliore plus la situation, mais ne la détériore pas non plus. Il n’y a donc pas de contradiction entre la liberté économique et la réduction des inégalités, bien au contraire.

Ou encore, une autre étude s’est intéressée au lien entre les changements dans la liberté économique et le niveau de vie dans les 50 états américains. Elle a trouvé une relation positive entre le niveau de liberté économique et le niveau de vie. C’est donc dire que lorsqu’il y a moins d’impôts, moins de réglementation et que l’État se mêle moins de l’économie, il y a aussi moins de pauvreté.

Une autre étude s’est enfin intéressée aux liens entre la liberté économique et la pauvreté. Sa conclusion principale est que les indicateurs principaux de la liberté économique, comme l’ouverture au commerce international, ou encore une diminution du poids de l’État l’économie ainsi que du fardeau fiscal, sont fortement associés à une réduction de la pauvreté. Elle confirme que lorsque le poids de l’État est moins important, on trouve généralement moins de pauvreté.

Une métaétude se penche sur toutes ces recherches et d’autres, et trouve que la liberté économique est un déterminant important de la croissance économique, même lorsque l’on prend en compte les changements dans la population et dans les investissements qui sont faits. En d’autres mots, ce sont vraiment les changements de liberté économique qui font qu’on voit ces améliorations, et non parce qu’au même moment il y a d’autres phénomènes qui augmentent le niveau de vie.

Quelques années plus tard, le même groupe de chercheurs s’est repenché sur cette même question avec des données mises à jour. Ils trouvent toujours que la différence entre les niveaux de liberté économique explique toujours la majeure partie des différences entre la croissance et les niveaux de vie des différents pays.

Une dernière étude a testé la différence entre les différentes mesures disponibles de la liberté économique. Elle a démontré que peu importe la mesure utilisée, elles disent toutes la même chose : la liberté économique amène plus de croissance pour tous.

Il existe donc plusieurs études qui soutiennent l’idée que les mauvaises politiques publiques contribuent au problème de la pauvreté et des inégalités. Ces mauvaises politiques publiques sont celles qui réduisent la liberté économique en augmentant les impôts, en réglementant l’économie et en limitant l’ouverture au commerce avec l’étranger.

Il est plus facile de l’oublier ici puisque notre niveau de vie est relativement élevé, mais cela ne signifie pas que les effets de ces mauvaises politiques publiques sont moins réels, ou qu’il n’y a pas de gains à faire.

Mathieu Bédard is Economist at the Montreal Economic Institute. The views reflected in this op-ed are his own.

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