Finalement, oui, vous payez trop cher votre vin
La SAQ entame une révision des prix de 1600 vins pour s’aligner sur les prix de la LCBO, son équivalent ontarien. Encore en mars dernier, elle se défendait contre des comparaisons désavantageuses, notamment celle de la Commission Robillard.
Avec l’annonce d’hier, le monopole d’État procède non seulement à une baisse des prix de la majorité de ses vins représentant 80 % de ses ventes, mais reconnaît implicitement que ses prix sont trop élevés. Cela ne doit pas nous surprendre, pour deux raisons.
Premièrement, Frédéric Laurin et Éric Duhaime avaient déjà fait un travail remarquable pour souligner cette réalité, de même que le Journal de Montréal. De leur côté, les défenseurs du monopole d’État utilisent souvent des méthodologies pour le moins contestables.
Deuxièmement, la SAQ est un monopole. Qui plus est, un monopole public. Le jeu de la concurrence ne s’applique pas et ne freine pas les ardeurs d’un actionnaire gourmand, dans ce cas-ci, le gouvernement. En raison de son monopole, les ratios d’exploitation de la SAQ dénotent un problème d’efficacité et d’efficience (voir p. 34). Sans concurrence, les employés syndiqués bénéficient de conditions de travail enviables et sans commune mesure avec la réalité du commerce de détail québécois.
D’ailleurs, faut-il le rappeler, en se comparant seulement à la LCBO en Ontario, la SAQ se compare avec un autre monopole public.
Bref, derrière l’annonce d’hier se cache un aveu d’une ampleur sans précédent. Les Québécois méritent mieux, en termes de transparence d’abord, mais aussi en matière d’efficacité, d’efficience, de prix et de choix. Cette annonce fera peut-être sursauter quelques-uns de nos élus et leur donnera l’occasion de réfléchir à la libéralisation de la vente d’alcool et à l’éventuelle privatisation de la SAQ.
Avec tous les défis que présentent les services publics, j’avoue ne toujours pas comprendre pourquoi l’État s’acharne à vendre du vin comme s’il s’agissait d’une mission essentielle.
Youri Chassin is Economist and Research Director at the Montreal Economic Institute. The views reflected in this op-ed are his own.