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Op-eds

Arrêtez de fouiller dans mon assiette !

Il m’arrive comme vous tous de manger un bon hamburger avec mes enfants, comme il m’arrive aussi de manger une bonne salade sur l’heure du midi au bureau. C’est bien de savoir que certaines personnes souhaitent prendre soin de ma santé, mais ce que je mets dans mon assiette ne concerne que moi et seulement moi.

Je pense ici à aux autorités municipales de l’arrondissement Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce qui ont adopté un règlement pour limiter la présence des restaurants rapides sur leur territoire.

Depuis le mois de mars, les nouvelles chaînes de restauration rapide ne peuvent plus s’implanter dans les quartiers résidentiels ni sur la majorité des artères commerciales de l’arrondissement. En fait, ils ne peuvent s’installer que dans trois zones restreintes. Une nouvelle politique pour s’assurer que les résidents du secteur ne s’empiffrent pas de « junk food ».

Je vous avoue que cette pratique me dérange au plus haut point. Ce que nous mangeons et faisons avec notre corps nous appartient. Je suis dans un pays libre, donc libre de manger ce que je veux, même si d’autres n’en veulent pas.

Je n’ai absolument rien contre l’idée de promouvoir les saines habitudes de vies. Mais pourquoi toujours vouloir le faire de manière coercitive, en imposant une règlementation ou encore une nouvelle taxe sur certains produits alimentaires, comme on a tenté de le faire avec les boissons sucrées et énergétiques.

Au lieu de gaspiller nos efforts à mettre en place des politiques coercitives, nous devrions plutôt miser sur une approche fondée sur des incitations positives. Continuons à promouvoir une saine alimentation en misant sur la sensibilisation. D’ailleurs, les actions en ce sens sont de plus en plus nombreuses et donnent de biens meilleurs résultats.

Prenons les milieux scolaires par exemple. Ceux-ci jouent un rôle important dans la promotion d’une saine alimentation. Aujourd’hui, la grande majorité des écoles imposent des menus santé aux élèves et encouragent les jeunes à bouger en leur proposant toutes sortes d’activités.

Les entreprises aussi font beaucoup d’effort pour encourager leurs employés à mieux manger et pratiquer l’activité physique. Ça fait même partie de leur culture d’entreprise. Les employés sont invités à participer à des activités organisées, ont accès à des équipements sportifs sur les lieux de travail, fréquentent une cafétéria qui offre une nourriture saine et équilibrée, etc.

Et vous avez des évènements comme le Grand Défi Pierre Lavoie ou encore le Défi Santé (offert aux entreprises) qui mobilisent, année après année, des centaines de milliers de personnes, jeunes et moins jeunes.

C’est la meilleure façon d’encourager les gens à changer les comportements et habitudes. Ce n’est surtout pas en imposant des restrictions et en se mettant à dos les 30 000 entreprises du secteur de l’alimentation dans le pays, comme c’est le cas actuellement. En effet, Restaurants Canada a décidé de s’adresser aux tribunaux pour contester le règlement de l’arrondissement CDN-NDG. 

Vous et moi sommes capables de faire les bons choix pour nous-mêmes. Nous n’avons pas besoin que l’État vienne mettre son nez dans notre assiette. C’est ce qu’on appelle le principe de responsabilité individuelle.

Pensez-vous vraiment qu’en empêchant les chaînes de restauration rapide de pousser un peu partout vous allez me faire changer mes habitudes alimentaires ?

Ce sera quoi la prochaine étape ? Va-t-on fouiller mes sacs à la sortie de l’épicerie pour s’assurer que j’ai bien ma portion de fruits et de légumes ? Va-t-on aller jusqu’à me donner une contravention ? Bon d’accord, ce serait un exemple extrême, mais vous m’avez compris. J’aimerais pouvoir manger ce que je veux sans devoir me justifier!

Sur ce, je vais aller m’acheter une barre de chocolat avant que la mafia alimentaire s’attaque à mon dépanneur du coin.

Pascale Déry is Senior Advisor, Communications and Development at the Montreal Economic Institute. The views reflected in this op-ed are her own.

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