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Entretien des C Series aux États-Unis : enfin des décisions d’affaires!

La maintenance des appareils C Series acquis par Air Canada sera faite aux États-Unis par le constructeur même de ces moteurs alors que la compagnie s’était engagée à faire faire l’entretien lourd au Québec. Certains pourraient voir d’un mauvais œil cette nouvelle. Pour autant, c’est exactement le genre de décision dont le secteur aéronautique canadien a besoin.

Ce qui rend cette décision si particulière, c’est qu’elle a été prise du point de vue de la rentabilité plutôt qu’en accord avec des objectifs politiques. Trop souvent, les constructeurs aéronautiques et les compagnies aériennes canadiennes sont poussés à prendre des décisions qui ne sont pas financièrement viables parce que le gouvernement s’en mêle.

L’exemple le plus frappant est bien sûr les avions C Series eux-mêmes. Si on devait retracer la chronologie de toutes les décisions qui ont mené à la conception et à la mise en vente des avions C Series, on s’apercevrait probablement que la possibilité de réclamer des aides aux gouvernements provincial et fédéral a été décisive. Le pari de Bombardier n’a pas tellement été fondé sur le potentiel commercial de ces avions. Il a plutôt découlé de l’étendue de l’intervention du gouvernement dans le secteur de l’aéronautique. Les décisions ne se sont pas faites en fonction de l’économie, mais bien en fonction de la politique. C’est ce genre de décision qui mène aujourd’hui aux difficultés auxquelles Bombardier est confronté et qui menace des milliers d’emplois.

Faire l’ensemble de l’entretien des avions C Series d’Air Canada au Québec aurait aussi été une décision prise en fonction d’un objectif politique plutôt que la réalité économique. L’entreprise américaine qui a été choisie réalise l’entretien de ce type de moteur sur une quantité d’avions beaucoup plus importante que les simple C Series. Sa grande taille lui permet probablement de faire des économies et de faire l’entretien des moteurs pour moins cher que ce que pourrait faire un petit centre d’entretien à Montréal.

À cela viennent s’ajouter les avantages en termes de productivité. Le fait que l’entreprise d’entretien américaine soit l’entreprise même qui a conçu le moteur, d’une part, et qu’elle soit déjà établie, contrairement au centre de Montréal qui reste à créer, lui donne clairement cet avantage en termes de productivité.

Tout cela montre que cette décision est prise sur des bases financières, plutôt que politiques, et c’est une très bonne nouvelle à long terme. Au lieu de créer des emplois en entretien d’avions qui seraient financièrement non viables, la décision d’Air Canada contribuera à sa croissance et permettra, à long terme, de créer d’autres emplois.

Mathieu Bédard is Economist at the Montreal Economic Institute. The views reflected in this op-ed are his own.

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