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Op-eds

Les trois amigos promettent beaucoup

En politique, on répète souvent que la perception se révèle plus importante que la réalité. Une bonne illustration de ce principe réside dans les promesses, nombreuses, des politiciens de tous les horizons. Les promesses ne coûtent pas chères à faire, surtout si on promet d'atteindre des « cibles ambitieuses » qui sont commodément éloignées dans le temps.

Les chefs de gouvernement des États-Unis, du Mexique et du Canada réunis à Ottawa ont bien retenu la leçon. En matière d’environnement, ils promettent que la production d’énergie proviendra à 50 % de source renouvelable d’ici 2025.

Une telle promesse soulève deux questions. La première découle de toutes les promesses brisées dans le passé : est-ce que les actions suivront les paroles? La deuxième question, au contraire, est fondée sur l’expérience des promesses tenues : combien tout cela coûtera-t-il?

Qui blâme Jean Chrétien?

Le Canada n’a pas atteint ses objectifs en vertu du Protocole de Kyoto. Pourtant ratifié sous le gouvernement de Jean Chrétien, ce dernier n’a pas adopté les mesures nécessaires pour que la promesse donnée soit respectée. Résultat, après des années à agir en dilettante, le Canada a fini par manquer la cible, et de beaucoup. Ce n’est pourtant pas Jean Chrétien qui a porté l’odieux d’une promesse brisée.

Pour le Québec, par contre, l’intention d’augmenter la part des énergies propres pourrait être une opportunité intéressante. Depuis longtemps, notre hydroélectricité verte, propre et renouvelable est boudée par les Américains sans qu’on ne comprenne trop pourquoi. Barack Obama, en fin de mandat, peut difficilement imposer sa volonté au Congrès sur ce plan. Néanmoins, ça ne devrait pas empêcher le gouvernement fédéral et le gouvernement québécois d’exercer des pressions en ce sens : ce serait au moins un geste concret à proposer.

Le vert coûte cher

L’autre question qui s’impose en entendant les belles promesses des politiciens s’attarde sur ce qui n’est pas dit. À chaque fois qu’on nous vante les avantages incommensurables de telle ou telle mesure, prêtez l’oreille pour voir si on parle aussi des coûts. Parce que rien n’est gratuit, c’est sans doute une des plus plus grandes leçons de la science économique.

Dans le passé, plusieurs gouvernements ont promis davantage d’énergie verte, sans trop s’attarder aux conséquences économiques pour leurs citoyens. En Espagne, ce fut une catastrophe. Les prix de l’électricité ont grimpé en flèche, affectant les consommateurs et les finances publiques. Les familles allemandes paient quant à elles plus de 400 $ par année en moyenne pour subventionner les énergies vertes.

Plus près de nous, pensons à l’Ontario où les prix de l’électricité ont été multipliés ces dernières années. L’Alberta se prépare d’ailleurs à un sort similaire. Au Québec, ce sont les éoliennes qui ont fait gonfler nos factures d’électricité de 700 millions de dollars par année.

Si la promesse d’augmenter la part des énergies renouvelables signifie l’appauvrissement des citoyens d’Amérique du Nord, la moindre des choses seraient d’être transparents.

Bien qu’on puisse se réjouir de voir des signes positifs un peu partout en matière d’énergie, les promesses des politiciens doivent être prises exactement pour ce qu’elles sont : de belles paroles. Tant qu’on ne nous dira pas comment les objectifs seront atteints, et surtout à quel coût, il est bon de se garder une petite part de cynisme face aux paroles qui trop souvent s’envolent, comme le dit l’adage. 

Youri Chassin is Economist and Research Director at the Montreal Economic Institute. The views reflected in this op-ed are his own.

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