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Les Québécois soucieux des prix à la pompe plus élevés à cause du marché du carbone

Les Québécois sont plutôt opposés à la Western Climate Initiative, le marché du carbone formé par le Québec et la Californie qui entrera en vigueur la première journée de 2015. Du moins, ils le sont une fois qu’ils comprennent que cela fera augmenter le prix de l’essence.

Un nouveau sondage de 1000 Québécois réalisé par Léger Marketing à la mi-août démontre que le nombre des opposants à cette mesure triple, passant de 13 % à 46 %, une fois que les répondants apprennent qu’elle pourrait entraîner une hausse du prix de l’essence de 3 ¢ le litre, tandis que le pourcentage de ceux qui y sont favorables tombe d’un tiers, de 54 % à 36 %.

Il est vrai que 3 ¢ le litre ne semble pas énorme, mais une famille canadienne possédant deux voitures paie déjà facilement plus de 1200 $ par année en taxes sur l’essence. Et certaines estimations prévoient que cette entente avec la Californie entrainera une hausse d’environ 10 ¢ par litre d’ici 2020.

D’ailleurs, le Québec est déjà une des provinces taxant le plus l’essence au Canada. Puisqu’ aucune autre province ou État américain ne nous suit, les prix relatifs de l’essence au sud de la frontière et en Ontario deviendront encore plus avantageux qu’à présent.

Pour ce qui en est des émissions de gaz à effet de serre (GES), le Québec est déjà premier de classe parmi les dix provinces canadiennes, mesuré par habitant. Ceci nous défavorise envers la Californie, puisque chaque réduction supplémentaire est plus coûteuse à aller chercher quand on est déjà bas.

Ce n’est pas que l’idée d’un marché de carbone, un mécanisme pour diminuer les émissions de GES qui permet aux organisations d’acheter et d’échanger des « droits de polluer », est mauvaise en soi. Et les Québécois souhaitent lutter contre les changements climatiques, du moins en principe. Mais plusieurs d’entre eux trouvent que le prix à payer avec ce marché du carbone – des carburants plus chers, une perte de compétitivité pour les entreprises installées ici et un ralentissement de l’économie – est tout simplement trop élevé.

À la place, lorsqu’interrogés à ce sujet, la plupart des répondants considèrent qu’il vaudrait mieux que plus de provinces ou d’États américains adhèrent à l’entente avant de la mettre en vigueur. En effet, la Western Climate Initiative a été lancée au départ par sept États américains et quatre provinces canadiennes, dont l’Ontario. Mais comme seuls le Québec et la Californie se sont engagés à participer pour le moment, les Québécois ont raison d’être soucieux.

Youri Chassin is Economist and Research Director at the Montreal Economic Institute. The views reflected in this op-ed are his own.

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