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La médecine privée devrait être encouragée

Le Journal de Montréal publiait cette semaine un article intéressant au sujet de l’exode grandissant de médecins généralistes vers le secteur privé. Les plus récentes données indiquent en effet que 201 d’entre eux auraient choisi à ce jour de « tourner le dos au régime public », alors qu’ils étaient seulement 65 en 2007.

Il importe toutefois de mettre ces données en perspective. Bien que leur nombre ait augmenté depuis 2007, les médecins de famille non participants au régime public ne représentent à peine que 2 % de l’ensemble des omnipraticiens au Québec. Quant au nombre de médecins œuvrant dans le système public, loin de diminuer à cause des départs vers le secteur privé, il augmente à un rythme plus rapide que la croissance de la population. Depuis 2007, plus de 1000 omnipraticiens supplémentaires ont rejoint la profession, une hausse de 12 % des effectifs.

Par ailleurs, le Québec compte plus de médecins par habitant que la moyenne canadienne et que sept autres provinces. On peut donc difficilement prétendre que ce développement restreint de la médecine privée est responsable des problèmes d’accès dans le système public de santé.

En fait, loin d’être la cause d’une quelconque pénurie de main-d’œuvre dans le système public, les médecins non participants répondent à des besoins non comblés des patients qui n’ont souvent d’autre choix que de se tourner vers eux. Il en résulte une réduction de la demande pour des soins dans le réseau public, et donc un désengorgement du système. Comment faire pour rendre ces services plus accessibles à davantage de familles québécoises, peu importe leur budget? Une piste de solution se trouve dans les crédits d’impôts pour les frais médicaux. Au Québec, un contribuable peut demander un crédit d’impôt non remboursable correspondant à 20 % des dépenses pour des frais médicaux qui excèdent 3 % de son revenu net. À un tel seuil, il faut avoir dépensé des centaines ou même des milliers de dollars en frais médicaux avant de pouvoir obtenir un remboursement.

Comme le soulignaient Jasmin Guénette et Julie Frappier dans une publication sur le sujet, une réforme évidente serait donc de permettre l’admissibilité dès le premier dollar dépensé en frais médicaux dans des cliniques privées, pour des soins qui sont normalement couverts par le régime public. Une telle mesure réduirait en fait les coûts pour le trésor public puisque seule une petite portion des dépenses du patient serait remboursée, alors qu’une consultation dans le réseau public de santé est pour sa part financée à 100 % par les contribuables.

Même si elle demeure relativement limitée, l’offre de services médicaux privés profite à beaucoup de Québécois, l’IEDM a  d’ailleurs recueilli les propos de certains patients dans ce court documentaire. Cette évolution ne constitue pas une mauvaise nouvelle pour l’accès aux soins, mais contribue au contraire à accroître l’offre globale de services de santé et à désengorger le système public.  Les temps d’attente ne cessent d’augmenter dans le public, mais ils augmenteraient encore plus vite si la médecine privée ne faisait pas partie de l’équation. Son développement ne devrait pas servir de prétexte pour éviter les réformes nécessaires afin d’améliorer l’efficacité du système public, mais devrait au contraire être encouragé.

Michel Kelly-Gagnon is President and CEO of the Montreal Economic Institute. The views reflected in this column are his own.

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