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L’incohérence des étudiants

Le monde étudiant est en colère. Les représentants des nombreuses associations étudiantes usent de toutes les tribunes pour dénoncer la hausse des droits de scolarité qui, selon eux, réduira l’accessibilité aux études universitaires.

Selon le discours ambiant, les étudiants sont pauvres et le moindre dollar compte. C’est pour cette raison que la Fédération des associations étudiantes du campus de l’Université de Montréal (FAÉCUM) s’est donné pour mission de défendre et de promouvoir les droits et les intérêts des étudiants. En 2006, elle avait d’ailleurs organisé une campagne de contestation et une manifestation pour faire renverser la décision de l’Université de Montréal d’ajouter à la facture des étudiants des « frais technologiques » de 4 $ par crédit. Jonathan Plamondon, alors secrétaire général de la FAÉCUM, avait déclaré qu’« il est temps que le rectorat réalise […] qu’il ne peut piger dans nos poches comme bon lui semble ». Quelques semaines plus tard, l’université s’incline et convertit ses frais technologiques en cotisation automatique non obligatoire. Les étudiants ont donc le choix de payer ou non ces frais.

Or, voilà qu’au moment même où la FAÉCUM crie misère, dénonce les cotisations obligatoires et refuse catégoriquement le dégel des droits de scolarité, elle annonce fièrement la création du nouveau programme obligatoire de transport collectif universel CAMPUS. En vertu de ce programme, mis en place en collaboration avec l’Université de Montréal et la Société de transport de Montréal, tous les étudiants à temps plein de l’Université de Montréal qui habitent sur l’île de Montréal seront bientôt obligés de défrayer 154 $ par trimestre pour le titre CAMPUS, lequel donne un accès illimité au transport en commun. Tant pis pour ceux qui réussissaient à économiser en se déplaçant à pied ou à vélo. Tout le monde passera à la caisse!

Comment la FAÉCUM, qui affirme « qu’un étudiant est d’abord et avant tout un citoyen qui possède des droits inaliénables », peut-elle donc cautionner une mesure imposée qui nie le droit de chacun de refuser de payer pour un service qu’il n’utilise pas, et qui n’a rien à voir avec les études universitaires?

Comment la FAÉCUM, qui prétend qu’une hausse des droits de scolarité réduit l’accessibilité aux études, peut-elle donc imposer à tous ses membres une hausse de 154 $ de leurs frais? Selon sa logique, l’accessibilité de ceux qui réussissaient à se passer du transport en commun ne sera-t-elle pas influencée par cette mesure?

Comment la FAÉCUM, qui s’est opposée aux frais technologiques obligatoires en 2006, peut-elle à son tour adopter une mesure tout aussi coercitive?

Comment la FAÉCUM, qui s’oppose à ce que les étudiants paient pour l’éducation qu’ils reçoivent, peut-elle trouver naturel d’obliger certains de ces mêmes étudiants à payer pour un service qu’ils n’ont pas demandé?

L’idéologie collectiviste

En réalité, ce que la FAÉCUM défend, à l’instar de la plupart des associations étudiantes et du mouvement syndical dans son ensemble, ce ne sont pas tant les intérêts de ses membres, mais bien l’idéologie collectiviste. Les dirigeants embellissent leurs discours d’expressions inspirantes (justice sociale, solidarité citoyenne, etc.), mais ils se fichent royalement des libertés individuelles et du respect de l’autre. Tout ce qui les intéresse, c’est de faire adopter des mesures qui permettent aux uns de vivre aux dépens des autres.

Le plus désolant, toutefois, c’est de constater que les étudiants victimes des décisions de la FAÉCUM restent impassibles et acceptent docilement qu’on brime leurs libertés. Albert Einstein disait : « Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui les regardent sans rien faire ». Voilà sur quoi la jeunesse québécoise aurait intérêt à méditer!

Nathalie Elgrably-Lévy is Senior Economist at the Monreal Economic Institute.
* This column was also published in Le Journal de Québec.

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