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La reprise imaginaire

Voilà déjà plusieurs mois que les observateurs de l’économie américaine cherchent des signes permettant de confirmer la fin de la récession. En avril dernier, le président Obama a contribué à leur quête en déclarant que la santé économique des États-Unis s’améliorait.

Selon le rapport de conjoncture publié par la Réserve fédérale il y a quelques jours, l’activité économique continue de progresser dans l’ensemble du pays, même si elle ralentit ou stagne dans certaines régions.

À en juger par le ton rassurant du document, on pourrait presque penser que la période de turbulences économiques ne sera bientôt qu’un mauvais souvenir.

Pourtant, les nouvelles en provenance de l’Oncle Sam sont inquiétantes, voire carrément symptomatiques d’une économie en décadence. Et si la reprise américaine n’était qu’imaginaire? C’est du moins ce que suggèrent les douze faits suivants:

(1) La dette du gouvernement américain, qui dépasse 13 000 milliards de dollars, atteint environ 92% du PIB.

(2) En 2010, le gouvernement américain devra emprunter presque autant d’argent que tous les autres pays du monde réunis.

(3) La dette totale des États-Unis (gouvernements, entreprises et particuliers) est de l’ordre de 360% du PIB, dépassant ainsi le niveau de 300% observé durant la Grande Dépression.

(4) Les engagements de l’Oncle Sam au titre des programmes de sécurité sociale, de médicaments d’ordonnance et de Medicare totalisent près de 110 000 milliards de dollars, soit l’équivalent de 760% du PIB.

(5) Les faillites personnelles ont augmenté de 9% de juillet 2009 à juillet 2010. Uniquement lors de ce dernier mois, près de 138 000 consommateurs ont déclaré faillite.

(6) Les saisies immobilières ont atteint un nouveau sommet au deuxième trimestre 2010, en hausse de 38% par rapport à la même période l’an dernier.

(7) En mai dernier, 40,8 millions d’Américains, soit 13% de la population, bénéficiaient d’aide alimentaire (food stamps). Selon les estimations, le nombre de prestataires devrait s’élever à 43,3 millions en 2011.

(8) De 2008 à 2009, on a enregistré un bond de 216% du nombre d’Américains expatriés qui ont renoncé à leur citoyenneté d’origine pour échapper à un régime fiscal de plus en plus oppressant.

(9) Depuis le premier janvier, 109 banques ont fermé leurs portes. Depuis le début de la crise, ce sont 274 banques qui ont déclaré forfait.

(10) En juillet, le taux de chômage officiel s’est maintenu à 9,5%. En revanche, il atteint 16,5% si l’on tient compte des personnes découragées et de celles qui travaillent à temps partiel pour des raisons économiques.

(11) Huit comtés de la Californie enregistrent un taux de chômage supérieur à 20%, l’un d’eux atteignant même 27,3%.

(12) Pour éliminer le déficit de 2010 uniquement, il faudrait multiplier tous les taux d’imposition par 2,4. Un taux de 10% passerait à 24%. Celui de 35% atteindrait 85%!

Washington déclare régulièrement que la conjoncture américaine s’améliore, alors que les faits montrent que les États-Unis, jadis la première puissance économique mondiale, sont sur le déclin.

Le président Obama avait promis que les très onéreux plans de relance et de sauvetage dont il faisait la promotion constituaient l’unique moyen d’éviter une détérioration des conditions économiques. Toutefois, les politiques keynésiennes, encore encensées il y a quelques mois, se sont soldées par un échec lamentable.

C’est ce qui se produit toujours quand on veut défier le GBSE… le gros bon sens économique!

Nathalie Elgrably-Lévy is Senior Economist at the Monreal Economic Institute.

* This column was also published in Le Journal de Québec.

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