Suivre le mauvais exemple
La crise économique planétaire, engendrée par la crise des subprimes, qui a débuté en 2007 aux États-Unis, a marqué le retour de la théorie keynésienne voulant que l’État doive augmenter ses dépenses lorsque l’économie ralentit. On a souvent fait le parallèle avec la Grande Dépression des années 1930, et on a réclamé des mesures similaires à celles annoncées dans le New Deal de F. D. Roosevelt.
Les plans de relance se sont alors bousculés. C’est l’Amérique de G. W. Bush qui a ouvert le bal en janvier 2008 avec l’injection de 150 milliards $. Plusieurs pays ont ensuite annoncé des mesures interventionnistes historiques: Japon (524 milliards $); Union européenne (200 milliards €); Espagne (29 milliards €); Italie (33,8 milliards €); France (26 milliards €); Royaume-Uni (21,5 milliards €); Russie (19 milliards €). Puis, en janvier 2009, Washington adoptait un plan de relance éléphantesque de 787 milliards $.
La classe politique et l’intelligentsia médiatique répétaient ad nauseam le même refrain: il faut faire quelque chose pour éviter un cataclysme économique.
Plusieurs centaines de milliards plus tard, les bonnes nouvelles sont encore rares. La Grèce est en faillite et l’euro traverse une crise, tandis que le Portugal, l’Espagne, l’Italie, le Royaume-Uni et même la France pourraient se retrouver bientôt en défaut de paiement. Quant aux États-Unis, ce pays présente toutes les caractéristiques d’un État en banqueroute : une dette de 13 billions $ financée grâce aux emprunts étrangers et à la création de monnaie, un déficit record qui a atteint 83 milliards $ en avril, alors que ce mois génère habituellement des surplus en raison du paiement des impôts, et un taux de chômage qui gravite autour de 10%.
Il est évident que dépenser des milliards n’était pas la solution. On a choisi d’imiter la politique de Roosevelt bien qu’elle ait transformé le krach de 1929 en une dépression qui aura duré une décennie. Pourtant, on avait un bien meilleur exemple à suivre: celui du président américain Warren G. Harding lors de la dépression de 1920-1921.
«La dépression de 1920-1921?», me direz-vous, l’air étonné. Oui, il est vrai qu’on n’en parle quasiment jamais. Elle a pourtant été grave: le taux de chômage a augmenté de 4% à 12%, et le PIB a décliné de 17%! En revanche, elle a été de courte durée. La reprise économique était enclenchée dès août 1921 et le taux de chômage était ramené à 2,4% dès 1923. Mais qu’a donc fait le président Harding pour remettre aussi rapidement l’économie sur les rails?
En dépit des recommandations de son secrétaire du Commerce (et successeur à la présidence), Herbert Hoover, Harding n’a pas dépensé un sou pour relancer l’économie. En revanche, il a coupé presque de moitié le budget de l’État, réduit considérablement les taux d’imposition, et diminué la dette de 33%. Quant à la Réserve fédérale, elle n’est intervenue d’aucune façon.
Contrairement aux dirigeants actuels pour qui financer les extravagances étatiques, taxer les travailleurs et emprunter constitue une planche de salut, Harding avait compris qu’une économie ne peut être prospère quand l’État envahit la sphère privée et s’endette de manière inconsidérée.
En réaction à la crise actuelle, les pays ont suivi le mauvais exemple et, maintenant, on en paie tous le prix. Certes, l’Europe vient d’annoncer un plan d’austérité coordonné. Plusieurs gouvernements ont donc eu l’audace de renier la pensée unique et l’idéologie keynésienne. Qui parmi nos élus aura le courage d’en faire autant?
Nathalie Elgrably-Lévy is Senior Economist at the Monreal Economic Institute.
* This column was also published in Le Journal de Québec.