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Cessons de craindre le privé

La nuit dernière, j’ai passé un mois à l’urgence… J’entre, mon bébé sur l’épaule. Il pleure et s’étouffe. Je lui chuchote doucement: «Continue, on fait tellement pitié, on va sortir d’ici rapidement.» Quinze heures plus tard, il tousse et crache toujours dans mon cou. Autour de moi, ça soupire, ça pleure, ça crie. J’ai l’épaule en compote. Mes vêtements puent. Je pense à ma prochaine chronique.

Nous dépendons du secteur privé pour manger, dormir sous un toit et nous vêtir. Nous laissons le privé nous opérer les yeux, nous arracher les dents. Mais le privé dans les hôpitaux? Jamais! Nous préférons laisser crever nos concitoyens sur une liste d’attente.

Mais notre système craque. Et lancer de l’argent sur le problème ne règle rien. La concurrence, sans être un remède miracle, peut nous aider. Nous devons exploiter le savoir-faire de nos entrepreneurs québécois, de nos médecins et de nos infirmières. En leur permettant de compétitionner entre eux pour nous attirer dans leur hôpital, plutôt que chez le concurrent. Pour réussir, ils devront nous offrir le meilleur service et contrôler leurs coûts.

Imiter les États-Unis? Non. Plutôt les pays sociaux-démocrates d’Europe. Au Danemark, si vous attendez plus d’un mois pour une opération, on vous envoie dans un hôpital privé.

En Suède, l’hôpital Saint-Georges, coté en Bourse, est le plus efficace, le moins coûteux et le plus apprécié de Stockholm. Les Suédois – riches et pauvres – s’y font traiter sans payer un sou.

En France, 40% des hôpitaux sont privés et ont un à but lucratif. Leurs chirurgies sont accessibles à tous, payées par l’État.

En Belgique, la contribution du privé a éliminé le temps d’attente. Imaginez: on peut obtenir un rendez-vous et consulter un médecin spécialiste le jour même!

Dans ces pays, on finance les hôpitaux publics selon le nombre de cas traités. Le patient devient ainsi une source de revenu, et non de dépense. Cela incite les hôpitaux à être efficaces. Résultat: l’attente est minime, voire inexistante. Et les Européens consacrent moins d’argent par habitant que nous à la santé.

Mais surtout, tous – riches et pauvres – sont couverts par l’assurance-maladie. Je répète: il n’y a aucun système à deux vitesses.

Les pays d’Europe ont compris une chose: le secteur privé, bien encadré, peut contribuer au système de santé. Sans qu’on sacrifie l’universalité des soins. Le rôle de l’État, c’est d’assurer une couverture médicale à tous ses citoyens. Pas de fournir le service. Les entrepreneurs locaux possèdent le talent et l’expertise pour ça.

David Descôteaux is an Economist at the Montreal Economic Institute.

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