Les «idiots utiles»
On raconte que Lénine employait l’expression «idiots utiles» pour désigner les intellectuels de gauche occidentaux qui défendaient le communisme avec enthousiasme et aveuglement.
L’empire soviétique s’est effondré, mais les «idiots utiles» sont encore parmi nous. Il y a Michael Moore qui crache sur le capitalisme en dépit du fait que ses trois derniers films ont généré des revenus de plus de 300 millions $. Il y a Anita Dunn, directrice des communications à la Maison Blanche, qui fait l’apologie de Mao Tsé-Toung. Au Québec, il y a, entre autres, Jean-Francois Lisée qui a récemment déclaré qu’il serait souhaitable de se débarrasser du capitalisme.
Crise économique, chômage, bandits à cravates et fonctionnaires corrompus font, certes, partie de notre quotidien. Toutefois, à supposer que ces fléaux soient effectivement attribuables au capitalisme, serait-il justifié de promouvoir la renaissance du communisme ou d’un système qui lui ressemble?
Victor Hugo écrivait «le communisme, rêve de quelques-uns, cauchemar de tous». L’histoire lui a donné raison. En URSS, au nom de la «justice sociale», Staline et ses successeurs ont causé la mort de 60 millions de personnes de 1917 à 1987. Les écrits d’Alexandre Soljénitsyne sur les goulags sont d’ailleurs très révélateurs de la nature totalitaire du régime. En Chine, Mao Tsé-Toung et Deng Xiaoping sont responsables de la mort de 75 millions de personnes de 1949 à 1987. Au Cambodge, les politiques de Pol Pot ont tué 26% de la population. En Corée du Nord, l’État a causé la mort de plus de 2 millions de personnes et a plongé le pays dans une famine qui dure depuis 50 ans. Au Vietnam, des centaines de milliers de «boat people» sont morts parce qu’ils voulaient fuir le communisme. Quant au régime nazi (le terme étant une contraction d’une expression allemande se traduisant par national-socialiste), il a fait 20 millions de morts!
À Cuba, Fidel Castro et son frère, Raul, censurent la presse, limitent l’accès à Internet, persécutent les homosexuels, emprisonnent les sidéens et exécutent les dissidents politiques. On estime qu’ils auraient fait plus de 20 000 victimes. Les Cubains vivent en situation de pénurie permanente. Même le papier hygiénique manque. Mais les choses s’améliorent. À partir de 2010, ils auront enfin le droit de posséder… un grille-pain!
La situation n’est guère mieux au Venezuela. Les produits de base manquent, il y a des coupures de courant, des pénuries d’eau, et le système de santé est au bord de l’implosion. Hugo Chavez a ordonné la fermeture de plusieurs dizaines de stations de radio. Il veut même éradiquer le golf, jugeant ce sport trop bourgeois!
Certes, le capitalisme a également ses failles. Mais il faut admettre qu’elles sont bien modestes si on les compare aux atrocités commises au nom du collectivisme. Puis, que ça plaise ou non, le capitalisme est le seul système économique qui permet l’enrichissement, la liberté d’expression et la créativité. Les économies planifiées, au contraire, ont toutes été synonymes de misère, de famines et de pénuries, de censure et d’oppression. Le capitalisme a donné lieu au mouvement pour les libertés et les droits civils, contrairement au communisme qui a permis à des dictateurs sanguinaires de tyranniser des populations entières.
Évidemment, la gauche d’aujourd’hui affirmera que son agenda diffère radicalement de celui des gouvernements précités. Je n’en doute pas. Mais l’histoire nous apprend que c’est également par souci de justice sociale qu’on a ouvert la voie au communisme, et que c’est la progression lente des idées et la consolidation continue du pouvoir qui a donné le nazisme, le stalinisme ou le maoïsme. Mais, évidemment, ces propos ne seront jamais tenus par les «idiots utiles»!
Nathalie Elgrably-Lévy is Senior Economist at the Monreal Economic Institute.
* This column was also published in Le Journal de Québec.