fbpx

Op-eds

Pas dans ma poche

On connaît le syndrome «pas dans ma cour», cette réaction des gens qui jouissent des bienfaits de l’électricité ou du gaz naturel, mais qui montent aux barricades quand un promoteur projette de construire une ligne de transport électrique ou un port méthanier près de leur cour arrière.

Le même phénomène se produit en matière de finances publiques. Nous déplorons la lourdeur du fardeau fiscal, mais nous défendons nos privilèges lorsqu’un gouvernement tente de réduire les dépenses pour l’alléger ou l’empêcher d’augmenter. C’est le syndrome «pas dans ma poche». Cela explique pourquoi les gouvernements ont tant de difficulté à baisser les impôts ou la dette.

À l’aube de la campagne électorale, voyons comment le gouvernement du Québec pourrait s’y prendre s’il voulait récupérer l’argent aiguillé vers des groupes d’intérêt, pour le remettre dans les poches de tous les contribuables.

Cessons de soutenir les canards boiteux

Papiers Gaspésia, Hyundai à Bromont, GM à Boisbriand, hippodromes, chantiers Davie à Lévis, multimédia, producteurs de porc, la liste n’en finit plus des cas où l’État a pompé des millions de dollars dans des projets échoués ou des secteurs industriels déficitaires.

En rétrospective, si on avait aidé les travailleurs à l’emploi des canards boiteux à se recycler vers d’autres métiers ou d’autres localités, au lieu de s’entêter, le Québec serait sans doute plus prospère. Cessons donc de subventionner les entreprises déficitaires et laissons cet argent dans les coffres de celles qui sont rentables et qui peuvent créer de la richesse.

N’aidons vraiment que les moins favorisés

Aux deux extrémités du système d’éducation, le Québec a mis en place un gel de prix visant officiellement à favoriser l’accès des enfants et des jeunes issus de familles pauvres. Or, ni le gel des droits de scolarité à l’université, ni celui de la contribution parentale dans les Centres de la petite enfance (CPE) n’a réussi à atteindre cet objectif. Les jeunes et les enfants issus de familles aisées continuent d’être surreprésentés à l’université et dans les CPE.

En Ontario, même si les droits de scolarité moyens équivalent à deux fois et demie le niveau québécois, le taux de fréquentation universitaire des jeunes dépasse largement le nôtre. Libérons ces prix et réservons l’aide de l’État à ceux qui en ont réellement besoin.

Ouvrir la porte au privé dans la santé

La santé accapare une part croissante des dépenses gouvernementales. D’autres missions créatrices de richesse, comme l’éducation, sont graduellement évincées du budget. Et les premières cohortes de baby-boomers viennent à peine d’atteindre la soixantaine! Comment freiner l’augmentation des dépenses de santé?

Entre autres en échappant du carcan que représente le monopole public sur le financement des soins médicaux. Permettons donc aux gens qui le désirent – et c’est le cas d’une solide majorité de Québécois – de dépenser leur argent pour se soigner.

Bref, il existe des moyens pour réduire le fardeau fiscal en remboursant la dette. Mais encore faut-il qu’assez de gens s’élèvent pour parler au nom du contribuable ordinaire!

Paul Daniel Muller is President of the Montreal Economic Institute.

Back to top