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L’absurdité de l’équité salariale

Les syndicats québécois ont célébré le 20 juin dernier une «victoire» qui coûtera au gouvernement du Québec (c’est-à-dire aux contribuables québécois) un milliard et demi de dollars en paiements rétroactifs et qui ajoutera en plus 800 millions de dollars annuellement à la masse salariale de l’État.

Quelle est cette supposée victoire? C’est l’entente sur l’équité salariale en vertu de laquelle près de 400 000 employés de l’État – en grande majorité des femmes – recevront un ajustement de salaire rétroactif, allant de 2,35% pour les enseignantes à 11% pour les éducatrices en garderies.

Cette entente plaira aux femmes syndiquées et employées par l’État ainsi qu’aux hommes qui occupent des emplois traditionnellement féminins. Mais pour tous les autres travailleurs québécois, cela signifie que leurs impôts déjà exorbitants vont subventionner ces hausses de salaire artificielles.

D’un point de vue économique, l’équité salariale est un concept très dommageable. Comment fonctionne-t-il? Premièrement, il faut reconnaître que l’équité salariale ne consiste pas réellement en la fixation d’un salaire égal pour un travail égal, sans tenir compte du sexe de l’employé, mais plutôt en la fixation d’un salaire égal pour un travail de même valeur. Au Québec, l’équité salariale exige que l’on compare les emplois en fonction de quatre critères: les qualifications, les efforts exigés, les responsabilités et les conditions de travail. Si la comparaison révèle que deux emplois sont de valeur égale, les syndicats en concluent qu’ils méritent le même salaire.

Les défenseurs de l’équité salariale prétendent que les métiers traditionnellement masculins sont en moyenne mieux rémunérés que les métiers traditionnellement féminins à cause d’une discrimination cachée ou systémique. Ainsi, si les camionneurs (majoritairement des hommes) sont payés plus que les secrétaires (majoritairement des femmes), la discrimination serait à la base de cet état des choses.

Cette logique ignore complètement une notion économique fondamentale: l’offre et la demande. Une des raisons expliquant pourquoi un emploi est mieux rémunéré qu’un autre est qu’il existe moins de personnes qualifiées pour le faire. S’il y a moins de travailleurs aptes ou prêts à conduire des camions qu’il n’y en a pour occuper des emplois de bureau, par rapport à la demande dans chaque secteur, alors les camionneurs pourront exiger un salaire plus élevé.

En tant que femme, je trouve offensant le concept d’équité salariale, qui tient pour acquis que les femmes ont besoin de protection contre le grand méchant loup qu’est le marché.

Aujourd’hui, plus de la moitié des étudiants universitaires sont des femmes. Les femmes sans enfant et jamais mariées gagnent 97% du salaire des hommes célibataires et sans enfant. Certes, il y a des écarts entre les revenus masculins et féminins, mais ces écarts se rapportent aux choix que font les individus à l’égard de leurs vocations et du temps consacré au travail.

Bien sûr, hommes et femmes devraient obtenir un salaire égal pour un travail égal. Mais essayer de quantifier la valeur de chaque emploi est un exercice futile et coûteux. Les membres des syndicats québécois peuvent se féliciter de cette entente, mais le reste de la population devrait réaliser que leurs gains sont une perte pour le reste d’entre nous.

Tasha Kheiriddin is Executive Vice President of the Montreal Economic Institute.

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