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Réduire les dépenses de l’État

Au moment où vous lirez ces lignes, le budget provincial aura été déposé et il est probable qu’il contiendra peu ou pas de réductions d’impôt. L’ampleur de la dette publique aura sans doute servi d’excuse pour ne pas respecter les promesses faites lors de la campagne électorale de 2003, soit une baisse du fardeau fiscal des particuliers de 1 milliard de de dollars (G$) par an pendant cinq ans.

Certes, le gouvernement du Québec est l’un des plus endettés du pays. Mais qu’y a-t-il de si différent par rapport à 2003, outre le fait, malgré le déficit zéro officiel, que la dette a continué d’augmenter depuis 2003?

Avec le vieillissement de la population et le départ à la retraite des baby-boomers, la dette et le fardeau qu’elle laisse à la génération suivante deviennent un sujet d’inquiétude. De son côté, le gouvernement se plaint que le service de la dette engloutit plus de 7 G$, ce qui lui donne peu de marge de manoeuvre pour dépenser davantage en santé, en éducation, et pour d’autres programmes sociaux.

On peut toutefois se demander si le débat sur le contrôle et la réduction de la dette ne sert pas d’excuse commode pour détourner l’attention publique des vrais obstacles qui empêchent les libéraux de mettre en oeuvre les réductions d’impôt promises aux électeurs.

En 2005, sur chaque dollar en revenu, le gouvernement du Québec a dépensé 13 cents pour la dette. Or, et contrairement à ce que l’on pourrait croire, la pression qu’exerce ce service de la dette n’a cessé de baisser depuis 1997-1998, époque à laquelle il représentait 17,4 cents sur chaque dollar de revenu. Si la dette et son service n’étaient pas un obstacle aux réductions d’impôt en 2003, ils le sont encore moins maintenant.

C’est plutôt du côté des dépenses du gouvernement qu’il faut se tourner pour expliquer l’augmentation de la dette nominale depuis 2003 et les difficultés du gouvernement à accorder les baisses d’impôt promises.

En effet, le vrai problème du Québec est que les dépenses publiques y sont trop élevées et que le gouvernement Charest n’a rien fait pour en contrôler la croissance. Les dépenses totales du gouvernement, hormis le service de la dette, ont augmenté de près de 9,7% entre 2003 et 2005, soit bien plus que l’inflation (4%) durant la même période.

Tant que les dépenses de l’État ne feront pas l’objet d’un véritable contrôle, le gouvernement ne disposera d’aucune marge, que ce soit pour stopper la croissance de la dette ou pour offrir des réductions d’impôt aux contribuables québécois. Quand, à titre d’individus ou de ménage, nous avons une dette à rembourser, nous nous serrons d’abord la ceinture et réduisons bon gré mal gré certaines de nos dépenses. Le gouvernement du Québec devra tôt ou tard faire de même.

C’est sur un tel contrôle des dépenses que devrait porter le débat, et non sur une réduction de la dette, qui n’aura aucun effet dynamique notable sur l’économie. À moins de consacrer des sommes considérables au remboursement de la dette, le service annuel de la dette ne connaîtra qu’une réduction minime et très graduelle. Au contraire, une réduction des dépenses facilitant la réduction d’impôt promise et favoriserait la croissance économique, rendant encore moins lourd le fardeau relatif de la dette.

Valentin Petkantchin is Research Director at the Montreal Economic Institute.

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