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Ne craignons pas d’ouvrir la SAQ à la concurrence

Dans Le Soleil du 7 octobre 2005, les chercheurs Martin Poirier et Martin Petit veulent nous convaincre que la privatisation en Alberta n’a fait que des perdants, discréditant par la même occasion l’étude de l’Institut économique de Montréal dont je suis l’auteur.

Poirier et Petit ne contestent aucun des faits ou chiffres présentés par l’IEDM, mais propose à la place d’autres chiffres et interprétations moins pertinents et, surtout, trompeurs quant à la situation en Alberta.

D’une part, selon eux les magasins privés négligeraient la sélection en termes de nombre moyen de produits par magasin. Or, cet indicateur ne veut pas dire grand-chose et la meilleure sélection est évidemment celle qui convient à vos clients. Ainsi, on peut avoir certains magasins extrêmement spécialisés et bien fournis et d’autres avec une sélection de produits de base, destinés à des niches différentes et à une clientèle différente. La preuve que l’ouverture à la concurrence améliorerait également la sélection au Québec est qu’ici les épiciers et les dépanneurs privés souhaiteraient l’augmenter pour mieux servir les consommateurs, mais la réglementation actuelle les oblige à transiger avec le monopole de la SAQ et les limite à la gamme restreinte de la SAQ Alimentation.

D’autre part, ils suggèrent que les 12 000 produits qui se trouvent à l’entrepôt en Alberta – beaucoup plus que n’offre la SAQ – peuvent ne pas avoir de marché potentiel. Mais qui a commandé alors ces produits et pourquoi? La réponse évidemment est qu’en Alberta, des fournisseurs et des entrepreneurs privés en concurrence estiment sans arrêt le marché et les goûts des consommateurs pour leur proposer non seulement les produits qu’ils veulent, mais aussi de nouvelles boissons qu’ils ne connaissent pas encore. Est-ce que quelques bureaucrates en situation de monopole sont plus en mesure de connaître ce que veulent les consommateurs dans chaque niche de marché? Il est évident que tous les produits disponibles en Alberta sont là parce qu’un client quelque part dans la province est un acheteur potentiel.

Enfin, bien qu’ils avouent eux-mêmes que les comparaisons de prix sont difficiles à cause de plein de facteurs différents, Poirier et Petit déclarent sans hésiter que les prix, selon Statistique Canada, ont augmenté beaucoup plus vite en Alberta qu’ailleurs. Or, si on exclut l’année de transition (1993) les augmentations de prix entre 1994 et 2004, selon les mêmes chiffres de Statistique Canada, ont été légèrement moins élevées en Alberta (+26,4%) qu’aux Québec (+26,6%).

Quant au dividende qu’en tire le gouvernement, au lieu de faire des extrapolations hypothétiques, nous avons considérés les chiffres réels montrant que si l’Alberta avait eu les ventes de la SAQ, elle aurait versé à son gouvernement plusieurs dizaines de millions de dollars de plus que n’a récoltés le gouvernement du Québec. Un panel d’experts, mandaté par le gouvernement en Ontario, a estimé lui aussi que si on privatisait le monopole de la «SAQ ontarienne» (la LCBO), il y aurait 200 millions de dollars par an de plus pour les coffres de l’État. Mais en bout de ligne, la question des dividendes est une question politique et nous avons fait la preuve que le gouvernement pourrait continuer à récolter les sommes qu’il souhaiterait.

Valentin Petkantchin is MEI’s Research Director and author of the Research Paper entitled Is government control of the liquor trade still justified?

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