L’état de notre environnement
La Commission de coopération environnementale de l’Amérique du Nord (CCE), créée dans la foulée de l’ALENA, rendait public le 7 janvier un document sur l’état de l’environnement en Amérique du Nord.
Selon les auteurs, nous faisons face à rien de moins qu’une crise environnementale généralisée en raison de nos activités économiques. Pourtant, la majorité des indicateurs environnementaux démontrent au contraire une amélioration très nette de la qualité de notre environnement au cours des dernières décennies.
Comme l’illustre le statisticien danois Bjorn Lomborg dans son ouvrage The Skeptical Environmentalist, le couvert forestier de l’Amérique du nord ne cesse de croître, la qualité de l’air dans nos villes et de l’eau dans nos cours d’eau n’a jamais été meilleure, et nous vivons plus longtemps et en meilleure santé que par le passé.
Selon Lomborg, les groupes écologistes exagèrent l’étendue des problèmes environnementaux, alors que notre priorité devrait être la santé et l’éducation au tiers-monde.
Le rapport de la CCE illustre bien le propos de Lomborg. Les auteurs soutiennent par exemple que l’année 1998 a été la plus onéreuse de l’histoire au chapitre des catastrophes naturelles. Mais ce n’est toutefois pas parce que le nombre d’ouragans, de tornades et de tremblements de terre augmente, mais plutôt parce que nous sommes beaucoup plus nombreux et plus riches que par le passé.
De plus, les gouvernements ont instauré des mesures qui amplifient le problème, comme lorsqu’ils cautionnent les constructions en zones inondables par toute sorte d’assurances spéciales, de dégrèvements fiscaux et d’aides financières ponctuelles. En d’autres termes, ils créent une incitation économique qui amène les gens à s’établir ou rester dans des zones à risque. La meilleure façon de réduire le coût des catastrophes naturelles est donc d’abolir ces subventions.
Les auteurs s’insurgent également contre le fait que plus de 80% de tous les déplacements domicile-travail au Canada et aux États-Unis se font en voiture et que l’utilisation du transport en commun stagne ou périclite.
Par contre, ils omettent de dire que nos voitures sont beaucoup moins polluantes que par le passé, avec pour résultat que la qualité de l’air n’a jamais été meilleure (voir notamment à ce sujet: U.S. Environmental Protection Agency, National Air Quality and Emission Trends Report, 1998). Ils auraient dû ajouter que nous produisons aujourd’hui beaucoup plus de nourriture sur un territoire bien moindre que par le passé, ce qui a notamment permis au couvert forestier de prendre de l’expansion malgré une augmentation importante de la population, car plusieurs exploitations agricoles peu productives sont redevenues des forêts.
Les auteurs visent toutefois plus juste lorsqu’ils écrivent que beaucoup de programmes gouvernementaux nuisent à l’environnement.
Heureusement, écrivent-ils, «la mondialisation, la libéralisation des échanges, l’ouverture des marchés et les compressions budgétaires des gouvernements ont déjà réduit l’ampleur de certaines subventions et avantages fiscaux qui favorisaient l’extraction des ressources et d’autres activités exerçant des pressions excessives sur divers écosystèmes.» On ne peut qu’espérer que la libéralisation des marchés continuera d’avoir des effets aussi salutaires.