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Les riches Américains paient plus d’impôts

Les Canadiens ont souvent l’impression que notre société fait preuve de plus de solidarité envers les moins fortunés parce que la progressivité de notre régime fiscal est plus accentuée qu’aux États-Unis.

Comme beaucoup d’idées reçues, celle-ci serait, étonnamment, sans fondement. Les «riches» Américains supporteraient en effet une plus grande part du fardeau fiscal de leur pays que les Canadiens qui sont fortunés.

Selon les données de l’année d’imposition 2000, les plus récentes à avoir été publiées, les contribuables canadiens qui comptent parmi les 50% les plus riches ont versé 89% de tous les impôts perçus alors que le groupe correspondant, aux États-Unis, en a versé 96%. À l’inverse, les Américains à faible revenu paient environ 4 % du fardeau fiscal de leur pays comparativement à environ 11% pour leurs homologues canadiens. On aurait tort de croire que pour rejoindre les proportions américaines, il suffirait d’augmenter les impôts des Canadiens fortunés, tout en réduisant ceux des moins favorisés, car en fait, les Canadiens qu’on peut qualifier de riches paient déjà une proportion plus grande de leur revenu en impôt.

Pour dire les choses simplement, le problème du Canada n’est pas l’iniquité de ses taux d’imposition, mais le manque de revenus des Canadiens à tous les niveaux de l’échelle fiscale. Au Canada, un revenu de 150 000 $ et plus vous classe immédiatement parmi la tranche de 1% la plus riche des contribuables. Aux États-Unis, il vous faut un revenu annuel d’au moins 315 000 $ US, soit près de 500 000 $ CA, pour vous classer aussi haut.

Au Canada, un travailleur qui gagne 60 000 $ CA se classe dans les 10% les plus fortunés. Aux États-Unis, la barre des 10% les plus riches commence à 92 000 $ US, soit l’équivalent de 150 000 $ CA, ce qui est plus du double du seuil canadien.

Chez nos voisins du Sud, le seuil des 25% des citoyens les plus prospères s’établit à 55 000 $ US (88 000 $ CA), alors que chez nous, le même seuil est à 50 000 $ CA. Bien que l’ampleur de l’écart dépende de la méthode utilisée, tous les experts s’entendent pour dire que les Américains se sont beaucoup plus enrichis que nous au cours des trois dernières décennies.

Le Conference Board du Canada estime cet écart à environ 20%, tandis que l’ex-économiste en chef de la Banque Royale, et aujourd’hui ministre canadien de la Défense, John McCallum, croit qu’il est plus près de 40%. Compte tenu des écarts entre le coût de la vie (le nôtre étant plus bas) et des taux de change, on peut estimer de façon raisonnable qu’il varie entre 20 et 25%.

Quoi qu’il en soit, grâce à leurs revenus plus élevés, les Américains qui jouissent de cette prospérité arrivent à payer plus d’impôt sans avoir pour autant des taux d’imposition aussi élevés que les nôtres. Cette ponction fiscale moindre encourage les Américains à travailler plus fort et à épargner davantage, ce qui garantit en bout de ligne une croissance économique plus importante.

Une autre preuve, si besoin était, qu’il ne faut pas oublier de créer la richesse avant de tenter de la redistribuer.

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