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Le Canada fait cavalier seul en santé

Avec les rapports Kirby et Romanow, récemment rendus publics, on compte sept études en moins de deux ans sur le système de santé canadien.

Reconnaissons que les sociétés pharmaceutiques créent sans cesse de nouveaux médicaments, toujours plus prometteurs, que les appareils à résonance magnétique (scanners) en sont déjà à leur troisième génération et que les chirurgiens accomplissent des interventions autrefois inimaginables. Tous ces progrès coûtent cher, mais en valent généralement la peine.

Vient ensuite le facteur démographique. Comme le soulignait récemment le Dr David Gratzer, lorsqu’on a commencé à parler de l’assurance-maladie au Canada, dans les années 60, l’âge médian était inférieur à 25 ans. Il frise les 40 ans et ne cesse de monter. Malgré la gravité de la situation, les rapports Kirby et Romanow offrent peu de solutions vraiment novatrices. Ni l’un ni l’autre ne surmonte l’impasse du monopole étatique, notamment en matière de services hospitaliers. Kirby juge le réseau condamné, tandis que Romanow le considère viable, mais les deux préconisent finalement la même chose: une hausse massive des dépenses. Ni l’un ni l’autre ne veut faire de place à l’entreprise privée à l’intérieur du système public. Or, plusieurs pays dotés d’un système politico-économique très interventionniste ont adopté cette solution.

Prenons l’exemple de la Suède, un modèle de social-démocratie, qui a privatisé ses laboratoires médicaux et ses ambulances. Encouragée par des économies de 50% dans le premier cas et de 15%, dans le deuxième, elle est allée encore plus loin en privatisant aussi les soins à domicile et l’administration. Un gouvernement local a même confié la gestion d’un grand hôpital public à une société privée. Ce gouvernement, qui continue de financer l’institution, réalise ainsi des économies de 20%.

En France, plus du tiers des hôpitaux ont été convertis en institutions privées et plusieurs institutions publiques sont en voie de privatisation. En Allemagne, parmi les 1 700 hôpitaux publics que compte le pays, il n’en restera que quelques centaines à l’issue de la réforme en cours, qui doit s’achever en 2015.

Tous les pays d’Europe de l’Ouest permettent la vente d’assurance-maladie privée. C’est aussi le cas en Nouvelle-Zélande et en Australie. Le gouvernement de ce dernier pays a même annoncé un plan pour obliger les citoyens fortunés à s’assurer.

Bref, à une époque où les réformateurs canadiens parlent de hausser les taxes et de créer de nouveaux programmes fédéraux pour tenter de résoudre la crise, d’autres pays, aussi sociaux-démocrates que nous, mettent à l’essai des solutions que le Canada ne semble pas vouloir envisager. Le résultat: les dépenses de la santé atteignent un sommet historique d’un océan à l’autre et les listes d’attente sont plus longues que jamais. Pourtant, à Stockholm, depuis le début de la réforme, il y a huit ans, les listes ont été réduites des deux tiers et les dépenses n’ont connu qu’une hausse modeste. Quand ferons-nous une place à l’entreprise privée à l’intérieur du réseau public? Quand accepterons-nous de rendre aux citoyens le droit de disposer de leur revenu après impôt selon leurs besoins et leurs préférences? Cette solution a pourtant déjà fait ses preuves dans des pays qui sont loin d’appliquer un ultralibéralisme débridé.

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