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De l’importance du profit

La recherche du profit est un élément central de l’activité de toute entreprise. Mais les gestionnaires sont parfois confrontés à un préjugé très répandu dans le grand public qui veut que le profit soit le résultat de l’exploitation des travailleurs et des consommateurs. D’où la connotation négative du mot «profiteur».

Ainsi, que répondre à votre nièce, étudiante en sociologie dans une université québécoise, qui vous fait le commentaire suivant: «Mon oncle, t’as pas honte de faire des millions de dollars de profits pendant qu’il y a plein de gens qui meurent de faim dans le tiers-monde?»

Votre nièce et probablement une bonne partie de la population ne réalisent peut-être pas que les profits, comme les prix, sont un signal important qui permet aux acteurs économiques de prendre les décisions les plus appropriées quant à l’allocation des ressources.

Que se passe-t-il par exemple lorsqu’un produit devient très populaire? L’offre ne réussit pas à répondre à la demande et le prix augmente. Les coûts de production n’ayant pas changé, les compagnies qui le produisent réalisent alors des profits spectaculaires.

Ces profits exceptionnels ne sont pas le résultat de l’«exploitation» de qui que ce soit, mais il révèlent que l’offre est insuffisante et, en même temps, ils incitent à l’augmenter. Pour «profiter» de cette situation, les gestionnaires augmenteront leur production, en se servant notamment des profits exceptionnels engendrés pour investir dans de la machinerie, embaucher de nouveaux employés, etc. D’autres firmes dans des secteurs connexes où les marges de profit sont plus modestes modifieront leur production pour répondre elles aussi à cette demande exceptionnelle. En fin de compte, l’offre aura augmenté, les prix auront baissé, les consommateurs auront été mieux servis et les profits très élevés seront revenus à des niveaux plus habituels. Un nouvel équilibre, temporaire et imparfait, mais réel, aura été atteint.

Une anomalie autocorrectrice

Le même phénomène d’ajustement se produit quand une compagnie se met à faire de gros profits non pas à cause d’une hausse de la demande pour ses produits, mais parce qu’elle a découvert une façon de produire à moindre coûts. Cela lui permet de diminuer ses prix et d’accroître sa part de marché. Ses concurrents n’auront de choix que de modifier leur gestion afin de réduire leurs coûts, sinon, les moins performants seront achetés par les autres. On assiste encore à un déséquilibre, non pas entre l’offre et la demande cette fois, mais entre une ancienne et une nouvelle façon plus efficace de produire.

Le profit récompense les producteurs les plus perspicaces et les plus performants, ceux qui réussissent le mieux à répondre aux besoins des consommateurs. Mais il est aussi un signal qu’un secteur de production donné est mal adapté au marché. D’une certaine façon, c’est une anomalie autocorrectrice. Dans une économie flexible et exempte de réglementation indue, les gestionnaires réagiront à la présence de profits et de pertes – les pertes jouant le même rôle dans un sens inverse – de façon à corriger les trop grands écarts.

Sans les profits, il ne pourrait y avoir de gestion rationnelle de la production, et donc de prospérité. Voilà ce qu’il faut expliquer à votre nièce… et à ses professeurs.

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