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L’heure juste

…à propos de la récolte forestière dans la forêt boréale

Certaines NGO environnementales, dont le Natural Resources Defense Council, présentent à notre avis des informations profondément erronées concernant la récolte forestière au Canada. Voici notre version des faits, laquelle est supportée par plusieurs sources officielles.

L’IEDM décortique les principaux aspects du rapport du NRDC sur l’industrie forestière au Canada

Le Natural Resources Defense Council (NRDC) et Nature Canada ont publié un nouveau rapport sur l’industrie forestière canadienne. Malheureusement, en raison de faiblesses méthodologiques et d’hypothèses erronées, le rapport désinforme leurs sympathisants, les médias nationaux et le grand public.

Ignorer le bilan du Canada en matière d’aménagement forestier durable

La présentation sélective des arguments commence tôt dans le rapport : des « scientifiques internationaux », déclare-t-on, « dont le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), ont tiré maintes fois la sonnette d’alarme sur les conséquences dévastatrices de la destruction des forêts primaires (des forêts n’ayant pas été perturbées par l’exploitation industrielle) » (nos italiques).

Pourtant, le GIEC reconnaît également que l’aménagement forestier durable peut jouer un rôle important dans la réduction des changements climatiques. Comme le résume la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques :

« À long terme, il serait plus avantageux pour réduire les émissions d’instaurer une stratégie d’aménagement forestier durable visant le maintien ou l’augmentation du stockage de carbone, tout en conservant une production annuelle suffisante de bois, de fibre ou d’énergie. Le stockage de carbone dans des produits du bois à longue durée de vie et l’utilisation de ces produits comme substitut aux matériaux polluants contribuent également aux objectifs de réduction. »

De plus, nous ne sommes pas en train de « détruire » les forêts au Canada. Le taux annuel de déboisement au pays, de 0,01 %, est pratiquement nul. Cela s’explique par le fait que les zones exploitées sont régénérées. En outre, la majeure partie de la déforestation est causée par la conversion des terres pour les rendre propices à l’agriculture, l’exploitation minière, gazière et pétrolière, ou l’urbanisation.

Le rapport poursuit en affirmant que « chaque année, l’industrie forestière coupe à blanc plus de 550 000 hectares de forêt au Canada ». Mais le fait est que seulement 0,21 % de la forêt canadienne est exploitée annuellement. En comparaison, 4 % des forêts sont touchées par les insectes chaque année, et 0,06 % par les incendies. Plus important encore, 100 % des zones exploitées sont régénérées soit par la plantation d’arbres, soit naturellement, comme l’exige la loi canadienne.

Le rapport poursuit : « sur plusieurs décennies, l’exploitation industrielle a réduit la durée moyenne de vie des forêts canadiennes et dégradé les forêts primaires, réduisant leur potentiel de stockage de carbone, et cela se perçoit dans l’atmosphère ».

Comme l’explique Ressources naturelles Canada, la forêt boréale canadienne « est constituée d’arbres qui sont pour la plupart relativement jeunes » :

« Les scientifiques ne considèrent pas la forêt boréale comme ancienne, car la forêt elle-même fait l’objet de perturbations naturelles continues qui font partie d’un cycle écologique qui contribue au renouvellement de la forêt. Conformément à la gestion durable des forêts, les stratégies d’aménagement tentent souvent d’imiter les effets des perturbations naturelles afin de contribuer au maintien de l’intégrité écologique et à la santé de la forêt à l’avenir. »

En outre, le rapport omet de mentionner que les plus jeunes arbres absorbent du carbone en grandissant, alors que les arbres plus âgés sont davantage vulnérables aux incendies, aux maladies et aux insectes et émettent du carbone lorsqu’ils meurent ou se décomposent.

Faiblesses méthodologiques

La principale faiblesse méthodologique de ce rapport est de ne pas inclure de données sur les émissions et l’absorption des gaz à effet de serre de l’ensemble de la forêt aménagée, se concentrant uniquement sur les zones exploitées récemment. Cela va tout simplement à l’encontre des lignes directrices internationales sur la production de rapports, que suit le Canada.

Ressources naturelles Canada (RNCan) utilise le Modèle du bilan du carbone du secteur forestier canadien (MBC-SFC3), reconnu à l’international et créé par des scientifiques du Service canadien des forêts il y a 30 ans. De nombreux pays ont eu recours à ce modèle depuis pour estimer les émissions et absorptions du carbone des forêts. Le modèle fait l’objet de révisions régulières par des équipes internationales de spécialistes.

Il est important de se rappeler que la grande majorité (94 %) des forêts au Canada appartiennent à l’État et sont gérées par les provinces, les territoires ou le fédéral. Parmi ces zones appartenant à l’État, certaines sont des forêts aménagées, qui comprennent non seulement des zones où les entreprises ont obtenu l’autorisation de récolter, mais également des zones protégées pour d’autres raisons, qui ne pourront jamais être exploitées.

Selon le cadre MBC-SFC3, le gouvernement canadien doit analyser les effets de l’aménagement forestier en tant que pratique de gestion des terres. Cela comprend l’estimation des émissions et des absorptions de tout un éventail d’activités menées dans les forêts aménagées, notamment le renouvellement des forêts après la récolte des années précédentes, le brûlage des déchets forestiers et la lutte contre les incendies et les insectes.

Les inventaires des gaz à effet de serre de Ressources naturelles Canada distinguent les émissions et absorptions d’origine humaine des émissions et absorptions dues aux perturbations naturelles (comme les feux incontrôlés). En d’autres mots, l’objectif du rapport d’inventaire est de présenter « les émissions et les absorptions qui résultent directement de la gestion » et de « fournir une image claire des répercussions de l’activité humaine au fil du temps ».

Le gouvernement canadien et d’autres pays qui utilisent des modèles similaires considèrent l’aménagement forestier durable de manière holistique et planifient minutieusement la grande variété d’activités qui se déroulent dans une zone forestière aménagée au cours d’une année donnée. La récolte du bois n’est qu’un petit aspect de la gestion globale de l’utilisation des terres dans les forêts canadiennes. C’est pourquoi la mesure des émissions globales pour l’ensemble de la forêt aménagée constitue une méthode beaucoup plus instructive pour comprendre le rôle climatique des forêts.

Le rapport déplore également que l’inventaire du gouvernement « exclut des dynamiques forestières et d’exploitation essentielles à un calcul complet des émissions. Par exemple, le gouvernement n’inclut pas l’incidence sur le carbone des “cicatrices d’exploitation”, des zones où la forêt reste essentiellement stérile même 20 à 30 ans après l’exploitation ».

Cette affirmation se fonde sur une étude réalisée par une autre ONG, la Wildlands League, qui indique que les « cicatrices d’exploitation », c’est-à-dire les zones où aucune repousse n’a eu lieu en raison des effets persistants des chemins forestiers et d’autres activités, prouvent que le gouvernement sous-estime la déforestation et les émissions de carbone associées.

Cependant, l’étude de la Wildlands League ne porte que sur les vestiges de l’activité forestière dans une petite région de l’Ontario, résultant de coupes effectuées il y a 30 ans. Il est important de noter que les pratiques forestières utilisées il y a 30 ans sont maintenant dépassées, et que les pratiques actuelles ont une empreinte significativement moindre. Mais Wildlands extrapole quand même les résultats de cette étude pour estimer les répercussions des « cicatrices d’exploitation » sur l’ensemble des forêts aménagées du Canada.

Conclusion

En réalité, le Canada est reconnu mondialement depuis longtemps pour ses pratiques d’aménagement forestier durable, et détient actuellement 35 % de la superficie forestière certifiée dans le monde.

L’appel du NRDC en faveur d’une réglementation plus stricte fondée sur son analyse erronée nuira inutilement à l’un des secteurs les plus critiques au Canada, qui emploie plus de 184 000 Canadiennes et Canadiens et contribue 25,2 milliards de dollars au PIB. Une telle réglementation menacerait également les emplois de 12 000 travailleuses et travailleurs autochtones de l’industrie forestière.

Enfin, étant donné le très faible pourcentage des forêts canadiennes exploitées chaque année, la recommandation du NRDC de ne déclarer que les émissions des zones récemment exploitées en laissant de côté les absorptions du reste des forêts aménagées ne contribuerait ni à une meilleure compréhension du rôle climatique des forêts, ni à une politique saine en matière d’aménagement forestier.

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Quelques publications et vidéos de l’IEDM en lien avec cette thématique*

La croissance économique a le pouce vert (17 juillet 2023)
Texte d’opinion sur la croissance économique et le couvert forestier.

La croissance économique, avantageuse pour l’environnement (13 juillet 2023)
Point examinant comment à long terme, la croissance s’avère un outil puissant pour améliorer l’environnement, surtout dans les sociétés économiquement libres.

Nos forêts sont très vertes, quoi qu’en disent les lobbys américains (6 janvier 2023)
Texte d’opinion sur l’état de la forêt au pays.

Our forests are very green, whatever U.S. lobby groups say (27 décembre 2022)
Texte d’opinion sur l’état de la forêt au pays.

Can we still trust media reports on environmental issues? (14 décembre 2022)
Texte d’opinion sur l’objectivité et la fiabilité de certains médias canadiens.

Forest critics lost in the woods on emissions (13 décembre 2022)
Texte d’opinion sur la dernière attaque du Natural Resources Defense Council contre l’industrie forestière canadienne.

Foresterie : un secteur qui continue d’innover (30 novembre 2021)
Note économique sur des innovations en foresterie qui ont des répercussions positives importantes sur l’environnement ainsi que sur l’économie du Québec.

Forêts québécoises : des centaines de millions perdus dans nos régions chaque année (29 octobre 2020)
Note économique montrant qu’il est tout à fait possible d’augmenter la récolte forestière tout en protégeant l’environnement, au grand bénéfice des régions et de l’ensemble des Québécois.

Comment rendre le secteur forestier québécois plus compétitif? (27 novembre 2019)
Note économique montrant que la tendance à la centralisation de la gestion de la forêt et à la réduction des horizons d’exploitation devrait être renversée.

Comment l’innovation profite à la forêt (18 septembre 2018)
Note économique montrant que l’activité forestière ne menace pas la pérennité de nos forêts.

Les régimes forestiers du Québec : des leçons à tirer pour renouer avec la prospérité (25 octobre 2016)
Cahier de recherche montrant que la compétitivité du secteur forestier est menacée par le nouveau régime forestier.

La forêt est-elle menacée au Québec? (14 août 2014)
Note économique montrant que contrairement à ce que prétendent des groupes écologistes, la forêt québécoise n’est pas menacée.

Les effets positifs de la récolte forestière (14 août 2014)
Court documentaire montrant que contrairement à ce que prétendent des groupes écologistes, la forêt québécoise n’est pas menacée.

L’état de la forêt au Québec (3 octobre 2013)
Court documentaire montrant que le discours alarmiste sur l’état de nos forêts est erroné.

Comment assurer le développement durable de nos forêts? (1er mars 2002)
Note économique qui conteste le discours alarmiste de certains écologistes.

*Bien que certaines de ces publications et documentaires aient été publiés il y a quelques années, l’essentiel de leurs conclusions et message central demeurent pertinents.

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