Secteur forestier : la compétitivité menacée, Québec doit se retirer
Montréal, le 27 novembre 2019 – Le secteur forestier québécois est en perte de vitesse depuis quelques années, et pourtant ses difficultés sont plutôt passées sous le radar médiatique. En effet, selon une publication lancée aujourd’hui par l’IEDM, un régime forestier inadapté et le conflit du bois d’œuvre ont plombé ce secteur qui emploie près de 60 000 Québécois.
« Le Québec a peu d’emprise sur les conflits commerciaux, mais il est en revanche pleinement responsable de sa politique forestière. Le régime mis en place en 2013 a complètement bouleversé le secteur forestier », soutient Luc Vallée, économiste en chef à l’IEDM et auteur de la publication. « Le gouvernement s’est approprié la quasi-totalité des responsabilités de gestion de la forêt. C’est cette centralisation qui a complexifié la planification des activités des entreprises et contribué à faire augmenter les coûts d’approvisionnement. »
Certes, le secteur forestier a bénéficié d’une embellie record des prix du bois en 2017 et au début de 2018, et la demande à long terme pour les produits forestiers va demeurer forte. Toutefois, les entreprises québécoises tardent à profiter de ce contexte favorable. Pourquoi ?
« Le présent régime forestier ne fournit pas aux entreprises les incitations nécessaires pour investir. Résultat ? La compétitivité s’est détériorée », explique M. Vallée. « Vu le contexte actuel, si le régime n’est pas réformé, le danger est que l’État finisse par subventionner l’industrie afin de sauver des emplois à court terme, sans s’attaquer au fond du problème. »
Afin de rendre le secteur forestier plus compétitif, Québec devrait donner plus de latitude aux entreprises pour ce qui est de l’aménagement, comme cela se fait ailleurs. « Dans le passé, au Québec, c’est bien le gouvernement qui avait surestimé la capacité forestière. Et aujourd’hui, c’est encore à cause de lui si on ne récolte que les deux tiers de ce que la forêt peut offrir, ce qui n’a aucun sens du point de vue économique ou environnemental », ajoute Luc Vallée.
Une gestion plus efficiente de la forêt n’entraînera pas des bénéfices que pour les entreprises, leurs employés et les communautés. Selon le Forestier en chef, une exploitation optimale permettra aussi de lutter contre les changements climatiques et de protéger la biodiversité.
« Des forêts plus denses et mieux gérées fourniront un meilleur rendement tout en permettant de capter plus de carbone et d’augmenter les aires protégées. Il y a là un important gain économique à réaliser et une opportunité de réduire les gaz à effet de serre à un très faible coût. Le gouvernement doit avoir l’humilité de se retirer s’il veut voir cela se réaliser », conclut l’auteur.
La publication intitulée « Comment rendre le secteur forestier québécois plus compétitif ? » est signée par Luc Vallée, économiste en chef et chef des opérations à l’IEDM. Cette publication est disponible sur notre site.
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L’IEDM est un think tank indépendant sur les politiques publiques qui compte des bureaux à Montréal, Calgary et Paris. Par ses publications et ses interventions, l’IEDM alimente le débat sur les politiques publiques au Québec et à travers le Canada en proposant des réformes fondées sur les principes de l’économie de marché et de l’entrepreneuriat.
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Demandes d’entrevues : Daniel Dufort, directeur des relations externes, IEDM. Tél. : 514-273-0969 p. 2224 / Cell. 438-886-9119 / courriel : ddufort@iedm.org