fbpx

Textes d'opinion

Le cercle vicieux de l’endettement

Le dernier budget présenté par le gouvernement libéral de Justin Trudeau, ou son premier en deux ans, devrait-on peut-être dire, représente un pas supplémentaire vers l’endettement irresponsable d’au moins toute une génération de Canadiens et de Canadiennes. Au-delà de la centaine de milliards de dollars en nouvelles dépenses, le gouvernement n’envisage aucunement un retour à l’équilibre budgétaire. Aucun échéancier n’est prévu en ce sens et encore moins le début d’un plan d’action.

En revanche, les nouveaux chantiers et programmes sociaux sont nombreux. Sous le couvert d’une relance économique post-COVID-19, le gouvernement se permet des largesses et couvre de promesses un large éventail d’électeurs.

Pourtant, la reprise économique est déjà plus forte que prévu, et plusieurs de ces dépenses n’ont pas le caractère ponctuel auquel on s’attendrait pour résorber une crise temporaire. Les solutions permanentes aux problèmes passagers finissent souvent par faire plus de mal que de bien.

22 milliards de dollars en intérêts par an pour la dette

Le Canada est désormais pris dans l’engrenage, condamné à voir son endettement augmenter de façon très importante. En fait, les intérêts que nous devons verser annuellement sur la dette s’élèvent présentement à 22 milliards de dollars par an, soit 6% du budget total du gouvernement fédéral. Considérant la hausse vertigineuse des dépenses, ce n’est pas moins de 9% du budget, soit 39 milliards de dollars, qui servira à financer notre dette à compter de 2025-2026.

Bref, près d’un dollar sur dix dépensé par le gouvernement ira vers la dette. Et il ne s’agit là que de la portion des intérêts, sans verser le moindre montant pour le capital!

Que représentent 22 milliards de dollars? C’est un chiffre énorme qui peut donner le vertige. Pour rendre cela un peu plus concret, on peut dire que c’est 187 fois ce que nous dépensons pour soutenir nos anciens combattants. Rien de moins.

Si l’on compare plutôt aux soins à domicile, à la santé mentale et à la prévention de l’itinérance pris ensemble, c’est près de sept fois plus de ressources qui sont allouées au paiement des intérêts de la dette. En dépensant autant d’argent afin de rembourser les intérêts sur notre carte de crédit fédérale, il deviendra de plus en plus difficile de répondre à des besoins bien réels et tangibles.

Pire encore, les taux d’intérêt excessivement bas font en sorte que le montant consacré au service de la dette risque d’augmenter de façon importante. En effet, il y a fort à parier que les taux d’intérêt commenceront à grimper au cours des mois et des années à venir. On voit déjà une pression inflationniste poindre aux États-Unis, et il serait étonnant que le Canada soit épargné. Une toute petite augmentation du taux d’intérêt pourra avoir un effet important, voire dévastateur, sur nos finances publiques et sur la capacité de l’État à accomplir ses fonctions essentielles.

Retour à l’équilibre budgétaire

Il est possible pour le gouvernement de sortir de ce cercle vicieux, mais cela nécessitera de la discipline et des cibles très claires. Un plan de retour à l’équilibre budgétaire est tout simplement essentiel. Malheureusement, tous les indicateurs sont présentement au rouge.

Miguel Ouellette est directeur des opérations et économiste à l’IEDM, Maria Lily Shaw est économiste à l’IEDM. Ils sont les auteurs de « Service de la dette : trop cher payé pour s’endetter » et signent ce texte à titre personnel.

Back to top