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Textes d'opinion

Wal-Mart: bénéfique pour le commerce en région

Wal-Mart a beau offrir «les plus bas prix, toujours», depuis l’annonce de la fermeture de la succursale de Jonquière, l’entreprise a été la cible de nombreuses attaques dans les médias québécois. Plusieurs ont, entre autres, véhiculé l’idée selon laquelle le géant américain pousserait à la faillite bon nombre de commerçants régionaux incapables de soutenir la concurrence. Vous vous demandez certainement quel est finalement son impact économique sur le commerce de détail en région. Le moment est bien choisi pour faire le point sur la question.

L’idée voulant que l’arrivée de Wal-Mart soit nuisible pour le commerce de détail et l’économie régionale ne résiste ni à l’analyse ni aux faits. Cet argument s’appuie, entre autres, sur une vision statique du commerce qui suppose que le niveau des ventes dans le secteur de détail est constant et que Wal-Mart, en accaparant une bonne part du «gâteau», ne laisserait plus que des miettes aux concurrents locaux, lorsqu’il ne les pousseraient pas systématiquement à la faillite.

Cependant, la réalité est beaucoup plus complexe. Si, à court terme, l’arrivée de Wal-Mart peut contraindre certains concurrents à fermer boutique, à plus long terme il pousse ses concurrents à l’excellence et facilite en attirant les consommateurs, l’ouverture de nouveaux commerces mieux adaptés et servant des niches de marché plus spécialisées.

Un chercheur de l’Université Ryerson à Toronto, Jim Simmons, s’est notamment intéressé à savoir ce qu’il advient aux autres commerces lorsqu’un magasin Wal-Mart ouvre ses portes dans les différentes parties du Canada. Les conclusions de son étude, publiée en décembre 2001, montrent que l’arrivée de Wal-Mart a eu, à moyen terme, un effet d’entraînement bénéfique sur l’ensemble du secteur du commerce de détail là où l’entreprise s’est implantée.

Selon l’étude effectuée sur la base des codes postaux, les localités qui ont accueilli un magasin Wal-Mart ont connu une croissance de leurs ventes beaucoup plus marquée que les autres. Les ventes au détail ont augmenté en moyenne de 43,8 millions$ (en dollars de 1993) au cours des cinq années suivant l’arrivée du géant. En outre, 8,5 nouveaux magasins en moyenne sont venus s’ajouter. En comparaison, les localités sans Wal-Mart ont vu leurs ventes s’accroître de seulement 14,8 millions$, avec 2,4 nouveaux magasins en plus.

Les régions rurales, comparativement aux régions urbaines, ont encore plus bénéficié de la venue d’un nouveau Wal-Mart en termes d’augmentation des ventes et du nombre de magasins. En effet, le total des ventes au détail ont augmenté de 74.1 millions$ dans les régions avec Wal-Mart, soit 30% de plus que dans les zones métropolitaines. En moyenne, c’est aussi près de 17 nouveaux magasins qui se sont rajoutés.

Globalement, depuis l’arrivée de Wal-Mart au Canada en 1994, le commerce au détail a connu une forte croissance au chapitre des ventes. Le Conseil québécois du commerce de détail annonçait d’ailleurs, il y a quelques jours, que les ventes des détaillants du Québec ont crû de 4,1% en 2004, soit la neuvième année consécutive d’augmentation. La plupart des ventes d’un nouveau Wal-Mart proviennent donc de cette croissance globale des ventes et ne s’est pas faite finalement en poussant systématiquement à la faillite les autres commerces locaux. Et même si les détaillants situés entre 10 et 20 kilomètres d’un nouveau magasin Wal-Mart ont connu une croissance des ventes moins forte que prévue, ceux dans le voisinage immédiat ont, quant à eux, largement profité de la hausse d’achalandage causée par l’arrivée du géant américain dans leur région.

En définitive, même si l’arrivée d’un Wal-Mart peut, à court terme, pousser certains détaillants à fermer, la situation est positive si on regarde l’ensemble du commerce de détail local à plus long terme. La poursuite de l’excellence par Wal-Mart incite les autres entreprises à se surpasser, à chercher de nouveaux créneaux et à trouver de meilleures façons de servir la clientèle.

Valentin Petkantchin est directeur de la recherche à l’IEDM.

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