Ottawa devrait donner un coup de pouce aux travailleurs qui ont deux emplois
Ce n’est un secret pour personne, la hausse du coût de la vie frappe durement les familles canadiennes. Nous avons tous cherché des moyens d’économiser sur nos dépenses pour les maintenir en adéquation avec nos revenus.
Malheureusement, une réduction des dépenses n’était pas suffisante pour équilibrer les finances de certains de nos concitoyens et concitoyennes. Ces dernières années, le nombre de Canadiens et Canadiennes occupant un deuxième emploi, en plus de leur emploi principal à temps plein, a augmenté.
Aujourd’hui, on estime que plus de 658 000 d’entre nous occupent maintenant un deuxième emploi, en plus de notre emploi à temps plein, au Canada. Cela équivaut à la population de Brampton, la neuvième plus grande ville du pays, selon le dernier recensement.
Il s’agit de personnes qui doivent travailler un total combiné de plus de 35 heures par semaine juste pour joindre les deux bouts.
Comme vous vous en doutez, ce ne sont pas tant les personnes gagnant six chiffres qui prennent un deuxième emploi, que ceux qui se trouvent dans les tranches de revenu moins aisées.
Pour illustrer ce que cela signifie, prenons un Québécois célibataire, gagnant 35 000 $ dans son emploi principal, qui a besoin d’un deuxième emploi pour joindre les deux bouts. Les gouvernements fédéral et provincial prendront au moins 26,5 cents sur chaque dollar qu’il gagne dans son emploi secondaire.
Pour le travailleur moyen dans cette situation, le deuxième revenu s’élève à un peu plus de 18 000$, selon Statistique Canada. Et de ces 18 000$, il devra payer plus de 5 000 $ d’impôts.
Bien sûr, le montant exact varie d’une province à l’autre, mais dans tout le pays, cela constitue une somme importante qu’il pourrait utiliser à d’autres fins. Cependant, au lieu de l’utiliser pour payer le loyer, l’épicerie ou rembourser sa carte de crédit, il est forcé de l’envoyer directement dans les coffres des gouvernements.
Réinitialiser les calculs
Une bonne façon de changer cela serait pour nos gouvernements de réinitialiser les calculs du taux marginal d’imposition pour les personnes qui ont deux emplois, dont l’un des deux est un emploi à temps plein.
Pour une personne dans cette situation, cela signifierait redémarrer au bas de l’échelle de l’impôt sur le revenu avec son revenu secondaire considéré dans un silo. Ainsi, chaque dollar ne serait pas soumis à un taux d’imposition de 26 pour cent ou plus.
4225 $ de plus
Pour illustrer cet effet, prenons ce même Québécois, qui gagne 35 000 $ dans son emploi primaire et 18 000 $ dans son emploi secondaire. En réinitialisation le calcul de l’impôt sur son deuxième emploi, il aurait 4225 $ de plus dans ses poches à la fin de l’année par rapport à ce qu’il a maintenant.
Le coût de la vie étant ce qu’il est aujourd’hui, il serait difficile de trouver un Canadien ou une Canadienne qui ne souhaiterait pas avoir 4 25 $ de plus dans ses poches. Et encore plus à l’extrémité inférieure de l’échelle des revenus.
Cela représente une somme importante pour les 658 000 Canadiens et Canadiennes qui se trouvent dans cette situation. C’est aussi un changement qui ferait à peine diminuer les recettes fédérales et provinciales.
Au niveau fédéral, par exemple, une telle réforme de l’impôt diminuerait les revenus de 981 millions$. Cela peut sembler beaucoup, mais c’est une goutte d’eau dans l’océan comparé aux 489 milliards$ que le gouvernement fédéral prévoit dépenser cette année.
Vu autrement, c’est un peu moins que ce qu’Ottawa s’est engagé à envoyer au fabricant de batteries Stellantis en subventions à la production chaque année pour la prochaine décennie.
Si Ottawa est en mesure d’envoyer une somme équivalente d’argent à un seul fabricant de batteries, il peut surement trouver un moyen de procurer à 658 000 Canadiens et Canadiennes l’aide dont ils ont besoin et réinitialiser le calcul des impôts sur un deuxième emploi.
Renaud Brossard est vice-président, Communications à l’IEDM, et co-auteur de « Joindre les deux bouts, deux boulots à la fois: un congé fiscal pour les Canadiens face à la hausse des coûts ». Il signe ce texte à titre personnel.