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Communiqués de presse

Les effets pervers d’une hausse excessive du salaire minimum

Montréal, le 18 janvier 2022 – À la suite de l’annonce de la hausse du salaire minimum de 13,50 $ à 14,25 $ l’heure par le ministre Jean Boulet vendredi dernier, certains groupes communautaires et syndicats ont avancé qu’il s’agissait d’une occasion ratée de le faire passer à 18 $ l’heure.

Dans une nouvelle publication de l’Institut économique de Montréal, l’économiste Maria Lily Shaw et l’analyste en politiques publiques Gabriel Giguère arrivent à la conclusion que même si une hausse à 18 $ l’heure peut sembler bénéfique pour les travailleurs à faible revenu, cette augmentation vertigineuse de 33 % aurait des conséquences négatives sur la santé financière de diverses entreprises des secteurs du commerce de détail, de la restauration et de l’hébergement. Ils soutiennent même que plusieurs travailleurs de ces secteurs pourraient perdre leur emploi.

Pertes d’emplois et hausses de prix pour les consommateurs

« Pas moins de neuf PME sur dix seraient directement touchées par cette hausse. Par le fait même, une partie des quelque 200 000 travailleurs au salaire minimum œuvrant pour ces entreprises risqueraient de perdre leur emploi », explique Gabriel Giguère, analyste politique à l’IEDM.

Les secteurs du commerce de détail, de la restauration et de l’hébergement regroupent à eux seuls 68 % des travailleurs touchant le salaire minimum, soit plus de 182 000 employés. Les entreprises de ce secteur ne génèrent qu’un mince surplus après avoir payé leurs impôts et soustrait leurs dépenses administratives et opérationnelles, telles que les coûts de matériel, de main-d’œuvre et de fabrication.

« Par exemple, si l’on prend les stations-service et les restaurants, leur marge bénéficiaire se situe en dessous de 3 %. Donc pour chaque tranche de 100 dollars de ventes, il ne leur reste que 3 $ après avoir payé leurs employés et réglé leurs autres dépenses. Une hausse subite et importante du salaire minimum viendrait mettre en péril leur santé financière, et elles devraient se résoudre à réduire les dépenses en effectuant des mises à pied, en diminuant les heures travaillées ou en refilant la facture aux consommateurs », ajoute Maria Lily Shaw, économiste à l’IEDM.

Les travailleurs au salaire minimum au Québec : un passage temporaire

Selon une croyance largement répandue, le travailleur au salaire minimum typique au Québec est une mère de famille monoparentale. Ce portrait est toutefois loin de refléter la réalité. Le travailleur au salaire minimum typique est plutôt âgé de 15 à 24 ans et travaille à temps partiel dans le secteur du commerce de détail ou de la restauration et de l’hébergement. Pour un étudiant à temps partiel, être rémunéré au salaire minimum n’a pas les mêmes répercussions que pour un chef de famille monoparentale. Le régime fiscal actuel tient déjà compte des besoins et responsabilités d’une personne avec des enfants à charge, un fait trop souvent absent de la discussion sur la hausse du salaire minimum.

« Prenons le cas d’un chef de famille monoparentale. Pour l’année 2021, son taux horaire de 13,50 $ l’heure correspond à un revenu annuel brut de 24 570 $. Si on ajoute les montants additionnels perçus en prestations, et après impôt et cotisations diverses, son revenu annuel net s’élève à 34 672 $, ce qui équivaut à 19,05 $ l’heure. Ce montant est supérieur à ce que revendiquent les organisations syndicales », commente Maria Lily Shaw.

Observer le profil typique des travailleurs au salaire minimum nous mène à la conclusion qu’il s’agit d’un passage temporaire dans la majorité des cas et que d’autres solutions devraient être envisagées.

Prioriser l’éducation et la formation au lieu de la facilité

Même si une augmentation du salaire minimum est une mesure aux intentions très nobles, les chercheurs de l’IEDM affirment qu’il existe d’autres moyens plus efficaces et moins économiquement dommageables de venir en aide aux personnes visées. Les travailleurs méritent mieux qu’une aide temporaire et mal avisée qui nuirait aussi aux entrepreneurs, qui peinent déjà à se sortir la tête de l’eau.

« Il ne faut pas tomber dans le panneau en choisissant la politique publique la plus simple en apparence. Les organismes, syndicats et politiciens devront comprendre qu’il existe d’autres mesures pour venir directement en aide aux travailleurs à faible revenu, comme l’éducation et la formation, ainsi que les mesures ciblant les moins nantis », conclut Gabriel Giguère.

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L’Institut économique de Montréal est un think tank indépendant sur les politiques publiques. Par ses publications, ses apparitions dans les médias et ses services consultatifs aux décideurs politiques, l’IEDM stimule les débats et les réformes des politiques publiques en se basant sur les principes établis de l’économie de marché et sur l’entrepreneuriat.

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Demandes d’entrevue :
Josée Morissette, conseillère principale en relations de presse
Cell. : 418-929-5291
Courriel : jmorissette@iedm.org

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