Les Américains devraient se réjouir de la décision de l’OMC sur le bois d’oeuvre
L’Organisation mondiale du commerce (OMC) déclarait lundi que le département américain responsable du commerce international était dans le tort en imposant des droits compensatoires sur les exportations de bois d’œuvre canadien en 2017. Les entreprises forestières canadiennes sont encouragées par la nouvelle, espérant qu’il s’agisse d’un premier pas vers la résolution d’une dispute commerciale durant depuis des décennies entre les deux partenaires commerciaux.
L’ambassadeur américain au commerce, Robert Lighthizer, affirme toutefois que « le système de résolution des conflits de l’OMC est utilisé afin de protéger des pratiques non-commerciales et nuire aux intérêts américains. » Il maintient que la réglementation de l’industrie forestière canadienne représente des « subventions systématiques » pour les producteurs canadiens.
Mettons d’un côté un instant le fait qu’un tiers parti, soit le panel de l’OMC sur la résolution des différends, rejette la prétention américaine selon laquelle l’industrie canadienne serait subventionnée. Quels intérêts américains au juste seraient pénalisés par l’élimination des tarifs sur le bois d’œuvre canadien?
Ce ne sont certainement pas les intérêts de l’industrie américaine de construction résidentielle. Les constructeurs font présentement face à des prix très élevés du bois et des pénuries, alors que les prix dépassaient les 800 $ pour mille pieds-planche la semaine dernière, comparativement à 400 $ il y a quelques mois. L’association américaine des constructeurs d’habitation (la NAHB) demande à la Maison-Blanche de « travailler avec le Canada sur un nouvel accord sur le bois d’œuvre qui mettrait fin aux tarifs d’en moyenne de plus de 20 % sur le bois canadien. »
Ces tarifs ne sont pas dans l’intérêt des acheteurs de maisons américains non plus, puisque le prix plus élevé du bois leur est refilé. Selon la NAHB, l’augmentation récente des prix a fait bondir de 16 000$ le prix d’une nouvelle maison unifamiliale. Bien que plusieurs facteurs soiennt en jeu dans cette hausse, l’élimination des tarifs aiderait à baisser les prix et freiner la pénurie.
Finalement, l’économie américaine dans son ensemble ne bénéficie pas des tarifs sur le bois canadien. Comme le fait valoir la NAHB, « ces fortes augmentations diminuent l’accès aux nouvelles maisons et nuisent au secteur résidentiel, qui est un fer de lance de notre reprise économique nationale. » L’élimination des tarifs pourrait ainsi donner un coup de pouce à la reprise américaine.
Comme l’IEDM l’indiquait par le passé, seul un petit groupe de producteurs américains trouvent un bénéfice net dans l’imposition de tarifs, qui résulte de leurs efforts de lobbying. Malheureusement, cela se fait aux dépens de presque tous les autres. Les politiciens ont le devoir de se tenir debout devant les groupes de pression qui veulent entraver le libre commerce et de défendre les millions de personnes qui font les frais du protectionnisme.