Le gouvernement du Québec n’est pas prêt pour la fin des surplus d’électricité, selon l’IEDM
- Avec ses installations actuelles, Hydro-Québec aura épuisé ses surplus en énergie et en capacité dès 2027.
- L’intermittence des éoliennes limite leur apport en puissance.
- La mise en service d’un nouveau barrage prendrait une quinzaine d’années.
Montréal, le 11 mai 2023 – La fin des surplus d’électricité approche à grands pas, mais les solutions proposées par Québec sont trop peu ou arrivent trop tard, selon une note économique publiée par l’IEDM ce matin.
« Lorsqu’on parle d’électricité, il est question d’énergie – ce qu’on peut produire sur une année – et de puissance – le maximum qu’on peut produire à un moment donné », indique Gabriel Giguère, analyste en politiques publiques à l’IEDM et auteur de l’étude. « Hydro-Québec se dirige vers un manque à la fois d’énergie et de puissance dès 2027, ce qui complexifie le problème. »
Les installations existantes d’Hydro-Québec ne suffiront pas à répondre à la demande en énergie et en puissance anticipée après 2027. Bien que certains projets éoliens aient été proposés, l’étude indique qu’il n’est pas garanti que leur mise en service arrive à temps pour contrer la fin des surplus.
Le gouvernement préconise trois avenues pour répondre au problème, soit la construction ou la mise à niveau de barrages, la construction d’éoliennes, et la réduction de la consommation grâce à une meilleure efficacité énergétique.
En ce qui a trait aux barrages, les délais estimés pour l’exercice de mise à niveau des installations vont de 2028 à 2035, soit quelques années après la date prévue de fin des surplus énergétiques. L’auteur note aussi qu’il faudrait une quinzaine d’années avant qu’un nouveau barrage ne soit mis en service.
Quant à l’éolien, l’étude explique que l’intermittence de la production éolienne signifie que la puissance fournie n’équivaut qu’à 35 pour cent de la puissance installée. Elle note aussi que l’approbation environnementale des projets n’est pas garantie à la Régie de l’énergie.
À l’égard de l’efficacité énergétique, l’étude fait état de ses limites, notamment sur la question de la puissance, puisque les pics de consommation demandent de plus en plus de puissance.
« Ce que Québec propose pour faire face à la fin des surplus énergétiques, c’est soit trop peu, soit trop tard, soit un peu des deux », explique M. Giguère. « Plutôt qu’être l’outil de développement économique que le gouvernement voyait historiquement en Hydro-Québec, la société d’État deviendra un facteur limitant si rien ne change. »
L’auteur indique que le gaz naturel pourrait jouer un rôle clé afin d’éviter que la fin des surplus d’électricité ne se transforme en pénurie d’énergie. Il cite notamment l’exemple de la centrale thermique au gaz naturel de Bécancour, qui permet de répondre aux périodes de pointe en ajoutant 550 mégawatts au réseau.
Il souligne aussi le rôle que peut jouer le gaz naturel dans l’approvisionnement industriel ou dans le chauffage – deux activités très énergivores pour notre réseau électrique.
« Dans une perspective où nous savons que le Québec se dirige vers un manque d’électricité, il serait irresponsable de fermer la porte à tout autre type d’énergie », indique M. Giguère. « Le gaz naturel représente une solution d’appoint efficace, disponible au Québec, et qui nous permet de répondre aux besoins auxquels Hydro-Québec n’arriverait pas à subvenir. »
Vous pouvez consulter l’étude de l’IEDM ici.
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L’IEDM est un think tank indépendant sur les politiques publiques qui compte des bureaux à Montréal et Calgary. Par ses publications, ses apparitions dans les médias et ses services consultatifs aux décideurs politiques, l’IEDM stimule les débats et les réformes des politiques publiques en se basant sur les principes établis de l’économie de marché et sur l’entrepreneuriat.
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