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Textes d'opinion

Le Canada doit exporter son gaz vers l’Europe

Le chancelier allemand Olaf Scholz vient de visiter le Canada pour parler, entre autres, d’importation de gaz naturel canadien vers l’Europe. À la suite de l’invasion de l’Ukraine et des sanctions qui ont suivi, l’Allemagne, qui importait 55 % de son gaz naturel de la Russie en 2021, a dû rouvrir des centrales au charbon et a commencé à chercher d’autres sources d’approvisionnement en gaz naturel.

Bien que cette situation soit difficile pour le public allemand, ce transfert de la consommation vers du gaz naturel provenant d’autres pays va de pair avec la réponse occidentale face au premier conflit conventionnel en Europe depuis des décennies. Malgré tout, c’est une occasion exceptionnelle pour l’économie canadienne d’aider à la fois notre économie et celles de nos alliés. Seulement pour le Québec, on estime que les réserves de gaz naturel sont entre 2800 et 8500 milliards de mètres cubes. Selon le Canadian Energy Research Institute, l’exploitation de ces réserves augmenterait les recettes fiscales et redevances de la province de près de 15 milliards de dollars sur une période de 25 ans.

Malgré ces importants gains économiques, les gouvernements du Québec et du Canada refusent de donner le feu vert au développement du gaz naturel ou à la construction des infrastructures énergétiques requises pour exporter le gaz déjà produit. Citant un manque d’infrastructures utilisables à court terme et prétextant que la consommation de gaz naturel émet des GES, les gouvernements canadiens et québécois bloquent toute mesure pouvant faciliter l’exportation.

Des arguments qui ne tiennent pas la route

L’absence d’infrastructures préexistantes n’est pas une raison valable pour justifier les refus gouvernementaux.

En effet, lorsqu’on observe la vitesse à laquelle l’Allemagne prévoit que son terminal de GNL sera terminé et opérationnel, soit un peu plus d’un an, on comprend que le Canada pourrait agir dans des délais similaires. Il n’y a rien qui indique que le Canada ne pourrait pas construire un terminal dans des délais semblables. Plus nous attendons, pire sera la situation pour nos alliés européens.

L’argument écologique ne tient pas la route non plus. Le gaz naturel est une énergie de transition. La transformation de centrales au charbon en centrales au gaz naturel, une énergie moins polluante, a permis une réduction de 500 millions de tonnes de CO2 dans le monde entre 2010 et 2018, ce qui équivaut à remplacer 200 millions de véhicules à essence par des véhicules propulsés par une électricité ne générant aucuns GES.

Par ailleurs, l’Union européenne a récemment classifié le gaz naturel comme une énergie verte. C’est en ce sens que le projet d’usine de liquéfaction de gaz naturel Énergie Saguenay prévoyait de diminuer les émissions mondiales de GES de 28 millions de tonnes par année : le processus de liquéfaction à l’usine d’Énergie Saguenay aurait engendré moins d’émissions que les usines équivalentes aux États-Unis ou au Qatar. En plus de toutes les retombées écologiques du projet, l’usine prévoyait de générer plus de 800 millions de dollars par année en retombées économiques, et 110 millions de dollars en recettes fiscales pour les gouvernements fédéral et provinciaux.

Malgré les grandes retombées économiques et écologiques des projets d’exploitation et de liquéfaction du gaz naturel canadien, les gouvernements continuent de refuser de laisser libre cours au développement de ces projets.

Non seulement le Canada est en train de s’autosaboter, mais il nuit à ses alliés européens qui tentent de faire front commun face à la Russie. Et c’est sans compter que le Canada refuse par le fait même de réduire les émissions mondiales de GES en développant davantage une énergie considérée comme verte par l’Union européenne. Décidément, le Canada doit faire mieux !

Olivier Rancourt est économiste à l’IEDM. Il signe ce texte à titre personnel.

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