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Textes d'opinion

Il est temps de lancer la campagne de vaccination contre le zona

Texte d’opinion publié en primeur sur notre site.

Si l’effort de vaccination contre la COVID-19 a mis d’autres initiatives sur la glace, il a eu pour effet collatéral de nous sensibiliser à l’importance des vaccins en général. Saisissons la balle au bond pour lancer une autre campagne, cette fois-ci contre le zona.

C’est environ un adulte sur trois qui souffrira du zona dans sa vie, les 50 ans et plus étant les plus vulnérables. Rarement mortelle, l’infection cause toutefois une éruption cutanée douloureuse. La douleur peut persister des mois – voire des années, si le patient développe des complications. Si l’apparition du zona est souvent imprévisible, quiconque a eu la varicelle risque de l’attraper; le virus peut se loger dans le système nerveux d’une personne qui a la varicelle et y rester tapi des années après que l’infection se soit résorbée.

Au Québec, il y a chaque année 27 000 cas de zona, 600 hospitalisations et 10 décès, majoritairement chez les 80 ans et plus. Le fardeau de la maladie sur le système de santé de la province est lui aussi considérable : environ 25 millions de dollars par année. On parle ici de 926 $ par cas au bas mot puisque cette estimation exclut l’absentéisme, la perte de productivité et les autres coûts sociaux qu’entraînent un cas de zona et ses complications.

Que pouvons-nous faire?

Heureusement, il est possible de prévenir cette douloureuse infection de manière sécuritaire en recevant l’un des deux vaccins qui sont présentement autorisés au Canada. Le problème? La bureaucratie. En effet, ces vaccins tardent à être intégrés au programme québécois d’immunisation, malgré leur efficacité éprouvée, leur rapport coût-efficacité avantageux et la possibilité d’administrer rapidement les doses dans notre réseau étendu d’installations privées, comme les pharmacies.

L’intégration du vaccin contre le zona au programme provincial d’immunisation pour rejoindre une population plus vaste est une question qui suscite bien sûr un vif intérêt, mais a fait bien peu de chemin depuis le début de la pandémie. En 2018, l’Institut national de la santé publique du Québec (INSPQ) a terminé une analyse, menée sur près d’une décennie, qui concluait au rapport coût-efficacité avantageux de l’intégration des vaccins contre le zona au programme d’immunisation du Québec, la prévention du zona étant moins coûteuse pour les contribuables que le traitement de la maladie. Dans la foulée de cette étude, une motion unanime a été adoptée en 2019 à l’Assemblée nationale pour que ce vaccin soit ajouté au programme québécois d’immunisation pour qu’il soit offert aux personnes âgées de 65 ans et plus, lesquelles sont plus à risque de souffrir du zona et de ses séquelles. Et au début mars 2020, Danielle McCann, alors ministre de la Santé et des Services sociaux, annonçait que des travaux étaient en cours. Mais depuis, silence radio.

Les avantages d’un meilleur accès au vaccin contre le zona sont manifestes dans les provinces qui l’ont ajouté à leur programme d’immunisation. L’Ontario, par exemple, a été la première province canadienne à l’offrir à tous ses résidents âgés de 65 à 70 ans dans le cadre de son programme d’immunisation public en 2016. Depuis, la province a vu le nombre de traitements médicaux pour des cas de zona baisser de 19,1 % et celui de visites à l’urgence et d’hospitalisations connexes baisser de 38,2 % chez les 65 à 70 ans. C’est ainsi qu’en améliorant l’accès au vaccin contre le zona, on a diminué le fardeau des services de santé de manière significative. Un coup de pouce dont l’appareil de santé débordé du Québec aurait bien besoin.

S’il est compréhensible que la pandémie ait relégué ce dossier en queue des priorités, le temps est venu de reprendre le flambeau pour améliorer l’accessibilité à cet important vaccin dont le rapport coût-efficacité a été démontré. Les aînés du Québec ont connu leur lot d’épreuves dans les deux dernières années. Offrons-leur la tranquillité d’esprit à tout le moins sur cet aspect de leur santé et réalisons notre promesse : élargir l’accès aux vaccins contre le zona.

Maria Lily Shaw est économiste à l’IEDM. Elle signe ce texte à titre personnel.

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