Élections fédérales: l’économie doit redevenir prioritaire
Nul besoin de la fameuse marmotte pour prédire le déclenchement des élections fédérales qui se fera fort probablement ce dimanche. Tous les partis fédéraux s’affairent présentement à peaufiner leur plateforme électorale. Malheureusement, les partis manquent souvent la cible en matière d’économie en présentant des politiques publiques qui ne produisent pas les résultats escomptés, malgré les bonnes intentions. Nous présentons donc trois axes économiques qui devraient figurer au premier plan de la plateforme de tout parti voulant assurer la pérennité de la croissance du Canada et le bien-être des familles canadiennes.
1. Retour à l’équilibre budgétaire
Bien qu’il y ait eu quelques changements dans les méthodes de calcul en matière de comptabilité nationale, aucun budget ne fut réellement équilibré depuis la crise financière de 2008. Autrement dit, depuis maintenant 13 ans, les dépenses excèdent les revenus malgré les taux d’imposition relativement élevés du pays. Pire encore, la dette nette fédérale a augmenté de près de 63 % pendant la pandémie. Il est temps de renverser la vapeur.
C’est pourquoi nous proposons aux partis fédéraux de s’engager à équilibrer le budget aussitôt que possible et de présenter un plan clair pour mettre fin aux programmes temporaires d’aide liés à la COVID-19. La pandémie ne doit pas devenir une raison pour repousser indéfiniment le retour à l’équilibre budgétaire et pour conserver des mesures qui à la base étaient temporaires.
2. Favoriser le libre-échange
Avec la montée du protectionnisme chez nos voisins du Sud et même sur la scène internationale, le Canada doit jouer un rôle de chef de file en ce qui a trait à la promotion des avantages du libre-échange. La littérature économique et les évidences empiriques ont montré que le commerce est l’un des meilleurs moyens de créer des emplois, de stimuler la croissance et de favoriser la prospérité à long terme.
Ici même, les partis fédéraux doivent s’engager à éliminer les obstacles réglementaires qui complexifient et ralentissent le commerce interprovincial. En effet, ce sont plus de 250 exceptions interprovinciales qui figurent dans l’Accord de libre-échange canadien (ALEC). Nous avons d’ailleurs publié cette année une étude sur les effets de l’élimination des barrières réglementaires. Les provinces affichant les plus faibles PIB par habitant au pays seraient les grandes gagnantes, et le PIB du Québec augmenterait d’environ 4,6 %. Il s’agit d’une façon très peu coûteuse de relancer l’économie postpandémique tout en réduisant les écarts économiques entre les provinces.
3. Encourager les investissements privés
Depuis plusieurs années, le Canada affiche le pire taux d’investissement privé des entreprises en proportion de l’investissement total parmi tous les pays membres de l’OCDE. En revanche, il se situe dans le premier tiers sur le plan de l’investissement public. Il existe donc un déséquilibre entre l’investissement public et privé. En d’autres mots, l’État fédéral accapare une part croissante des investissements au Canada alors que le secteur privé diminue en importance.
Nous suggérons aux partis fédéraux de privilégier les politiques publiques créatrices de richesse qui stimuleront les investissements privés des entreprises tant canadiennes qu’étrangères. Cela nécessite un cadre réglementaire et fiscal plus souple qui facilite les affaires tout en favorisant les investissements en recherche et développement.
Concentrons-nous sur l’essentiel
S’il est clair que le Canada a le potentiel de demeurer l’un des pays les plus prospères et les plus libres au monde, les candidats aux élections ne devraient pas s’assoir sur leurs lauriers. Beaucoup plus pourrait être fait pour faire croître notre économie et relever le niveau de vie des familles canadiennes. L’économie doit revenir au premier plan des plateformes électorales.
Miguel Ouellette est directeur des opérations et économiste à l’IEDM, Olivier Rancourt est économiste à l’IEDM et Aminou Daiba est stagiaire de recherche à l’IEDM. Ils signent ce texte à titre personnel.