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Textes d'opinion

Économiser des centaines de millions en repensant la police

Au cours des dernières années, nous avons assisté à une augmentation du taux de criminalité au Canada. Cela a obligé les corps policiers à concilier la gestion des budgets et la répression du crime. Il s’agit d’un équilibre difficile à trouver, surtout à l’heure actuelle, alors que sévit une vague de fusillades sur l’île de Montréal. Or il existe une façon toute simple d’économiser des centaines de millions de dollars: repenser la répartition des tâches policières.

Nos policiers reçoivent une formation approfondie qui leur permet de réaliser des tâches qui exigent une combinaison de compétences spécialisées. Pourtant, on estime que moins de 10% des tâches effectuées par les policiers font appel à l’ensemble de ces compétences. En effet, les rôles et les responsabilités des services de police se sont élargis au fil du temps et de plus en plus de ressources sont utilisées pour des tâches secondaires. Un exemple typique de glissement de mission.

Tâches administratives

Une analyse effectuée sur une période de 30 ans en Colombie-Britannique révélait que 40% du temps de travail des policiers était affecté à des tâches de nature administrative. Au Québec, ce sont 13 millions d’heures qui sont ainsi consacrées annuellement par les policiers à ces tâches secondaires, lesquelles pourraient en partie être réalisées plus efficacement par une main-d’œuvre non policière dédiée. Cela contribuerait également à accroître la satisfaction professionnelle des policiers, en plus de permettre la réalisation d’économies importantes.

Des agents de sécurité peuvent également être employés comme auxiliaires pour diverses activités policières relevant de la «gendarmerie» et s’acquitter d’autres tâches, comme la patrouille, la gestion de la circulation et les interventions sur les lieux d’une collision.

Des économies à faire

La logique comptable montre rapidement que les économies seront au rendez-vous si nous décidons de confier les tâches de gendarmerie et celles de nature administrative à des firmes de sécurité privées. Effectivement, la rémunération annuelle médiane des 15 622 policiers du Québec, salaires et avantages sociaux compris, s’élève à près de 117 000$. De son côté, un professionnel de la sécurité touche un peu moins de 49 000$.

Bref, nous avons la possibilité d’économiser 17% à 20% des sommes allouées aux dépenses de fonctionnement des corps policiers. Cela représente un montant de 525 à 615 millions de dollars annuellement, qui pourrait être réaffecté.

D’ailleurs, la population est déjà disposée à accueillir une telle approche. Dans un sondage mené en 2017, une majorité de Canadiens (59%) étaient d’accord pour que des entreprises de sécurité privée effectuent des tâches de soutien qui sont présentement prises en charge par des policiers.

Cette approche a été déployée avec succès dans des pays comme le Royaume-Uni, avec pour résultat une baisse du taux de criminalité dans les communautés concernées et une augmentation de la satisfaction professionnelle des policiers, qui ont pu se concentrer sur les tâches qui leur tiennent à cœur.

Alors que les pressions budgétaires ne cessent de croître, il est indispensable d’utiliser les ressources et le soutien disponibles par le biais de personnel de sécurité hautement formé et qualifié. Il ne tient qu’à nous de nous engager dans la voie de ce modèle qui a déjà fait ses preuves.

Olivier Rancourt est économiste à l’IEDM et co-auteur de « Laissons les policiers faire leur travail et les entrepreneurs s’occuper du reste ». Il signe ce texte à titre personnel.

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