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Textes d'opinion

Doit-on se réjouir des baisses du déficit?

Jeudi dernier, le ministre des Finances du Québec a présenté son « mini budget » avec pour toile de fond la reprise économique. Le message qui en ressort est une diminution du déficit de 5,4 milliards de dollars par rapport à ce qui était anticipé en mars 2021. Il faut cependant remettre les pendules à l’heure: cette baisse du déficit est entièrement due à une hausse des revenus, qui est quant à elle principalement attribuable à une croissance du PIB de 6,5 % et à une hausse des transferts fédéraux de l’ordre de 2,5 milliards de dollars.

Nous sommes donc actuellement dans une dynamique économique qui a permis de réduire le déficit budgétaire de quelques milliards de dollars. Pouvons-nous donc attribuer cette réduction du déficit à la bonne gestion de l’argent des contribuables par le gouvernement?

La réponse simple est non.

Ce sont plus de 1,6 milliard de dollars de fonds publics supplémentaires qui ont été dépensés par le gouvernement caquiste depuis le budget de mars dernier; sans parler du déficit structurel de 4 milliards de dollars qui pourrait d’ailleurs augmenter avec la pléthore de nouveaux programmes de dépenses gouvernementales et la tendance vers davantage de dirigisme économique. Il est difficile de comprendre cette absence manifeste de rigueur budgétaire, comme on l’observe aussi à Ottawa, sachant que la reprise économique a été excellente.

D’où proviennent les revenus du gouvernement?

La hausse des revenus du gouvernement québécois, en excluant les transferts du fédéral, s’explique principalement par l’augmentation des revenus des contribuables. Force est de reconnaître que les Québécois et les Québécoises se sont enrichis au courant de l’année 2021.

Les entreprises québécoises ont également bénéficié de ce dynamisme économique, ce qui a eu pour effet d’augmenter les revenus du gouvernement québécois de 1,7 milliard de dollars par rapport aux estimations de mars 2021.

Nous pouvons convenir que jusqu’à présent, la réduction du déficit n’a rien à voir avec une saine gestion des dépenses gouvernementales, mais plutôt tout à voir avec la reprise économique de la province.

Transferts fédéraux

Sans surprise, les transferts fédéraux occupent une place de choix dans la composition des revenus du gouvernement au pouvoir. En effet, le Québec a reçu près de 30 milliards de dollars de la part du fédéral, une nette augmentation par rapport aux prévisions du dernier budget provincial.

En d’autres mots, le gouvernement reçoit plus d’argent que prévu du fédéral, mais dépense de plus en plus. Ce n’est pas la voie à suivre si nous voulons un jour commencer à reprendre le dessus sur la dette provinciale, laquelle a dépassé les 294 milliards de dollars, soit l’équivalent d’une dette de 34 241 $ par nouveau-né. Tout un cadeau de naissance!

Pandémie oblige, la dette ne figurait pas parmi les priorités du gouvernement provincial ou fédéral en 2020. La pandémie a toutefois le dos large et peut servir d’excuse à bien des choses. Il est donc primordial de cesser de brandir cet épouvantail pour justifier le manque de rigueur budgétaire susceptible de créer des ravages économiques permanents.

Le gouvernement doit s’attaquer au déficit structurel de manière à alléger le fardeau de la dette pour les prochaines générations. Il en va de l’équité intergénérationnelle.

Même si la reprise économique est une bonne nouvelle pour les Québécois et les Québécoises, nous pouvons et devons exiger que le ministre respecte ses estimations lors du prochain budget provincial et ne laisse pas les milliards retirés de nos poches fondre comme neige au soleil.

Miguel Ouellette est directeur des opérations et économiste à l’IEDM et Gabriel Giguère est analyste en politiques publiques à l’IEDM. Ils signent ce texte à titre personnel.

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