Discours du Trône : Un saut dans l’inconnu sans parachute
Montréal, le 23 septembre 2020 – Selon un analyste de l’Institut économique de Montréal, les mesures annoncées par le gouvernement fédéral aujourd’hui dans son discours du Trône ne permettront pas de jeter les bases d’une reprise économique solide après des mois de confinements sévères et généralisés de l’économie canadienne.
Au contraire, alors que le déficit prévu pour cette année dans la récente mise à jour financière est déjà sans précédent, le gouvernement annonce toute une série de nouveaux programmes coûteux qui pourraient le faire exploser encore davantage.
« Malheureusement, loin de lancer le signal d’un retour à la normale, ce discours du Trône confirme plutôt que l’explosion des dépenses publiques va se poursuivre », déplore Miguel Ouellette, économiste à l’IEDM. « Jusqu’à présent, on pouvait soutenir que bon nombre de ces dépenses étaient inévitables, mais là, il s’agit d’un choix délibéré. On mise sur une reprise rapide de l’économie mondiale, des taux d’intérêt qui vont rester bas indéfiniment, et sur des programmes dont l’efficacité pour stimuler la croissance est douteuse. D’un point de vue financier, c’est un saut dans l’inconnu, sans parachute », poursuit l’économiste.
Ottawa compte notamment dépenser des montants additionnels dans les subventions à des entreprises de technologies dites vertes ainsi que dans la prolongation de programmes pour les chômeurs.
« Le gouvernement doit venir en aide au secteur privé sans discriminer entre les secteurs d’activité », continue M. Ouellette. « Plutôt que de dépenser des fonds publics pour que les gens restent à la maison, il faut inciter les entreprises à réembaucher leurs employés », fait-il valoir.
« En ce qui a trait aux subventions pour les technologies vertes, l’expérience de l’Ontario et de nombreux autres pays et régions du monde montre à quel point ces investissements peuvent être coûteux et risqués », affirme l’économiste. Il fait valoir que les subventions engendrent des distorsions dans le marché de l’énergie, font augmenter les prix pour les consommateurs, ne créent généralement pas autant d’emplois qu’espéré, et que les effets nets sur l’économie finissent trop souvent par être négatifs.
« On doit surtout s’inquiéter du fait que le gouvernement ne donne aucun signe concret d’une volonté de retourner à l’équilibre budgétaire », dit Miguel Ouellette. « Nous sommes déjà passé par là dans les années soixante-dix et il a fallu deux décennies avant de reprendre le contrôle des finances publiques. Les lois fondamentales de l’économie n’ont pas changé depuis », conclut le chercheur.
Par ailleurs, comme chaque année, l’IEDM mettra à jour son compteur de la dette québécoise une fois que le budget provincial sera dévoilé officiellement, et pour la première fois, nous lancerons un compteur de la dette fédérale aussi cet automne. Nous vous invitons à consulter notre site pour obtenir les nouvelles données.
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L’Institut économique de Montréal est un think tank indépendant sur les politiques publiques. Par ses publications, ses apparitions dans les médias et ses services consultatifs aux décideurs politiques, l’IEDM stimule les débats et les réformes des politiques publiques en se basant sur les principes établis de l’économie de marché et sur l’entrepreneuriat.
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