L’État est toujours accro au vice
Le gouvernement aime nous faire la morale mais il parle des deux côtés de la bouche. D’un côté, il nous dit de ne pas faire ceci ou cela, et de l’autre il s’en met plein les poches grâce à nos vices.
Le gouvernement dit aux parieurs que « le jeu doit rester un jeu ». Mais il possède le monopole des appareils de loterie vidéo et s’arrange pour en soutirer le maximum d’argent. Il possède aussi Loto-Québec, qui ne se gêne pas pour faire de la publicité afin de nous convaincre qu’on peut devenir millionnaire en achetant un « gratteux ». On nous bombarde aussi de publicité pour nous inviter à assister à des concerts au Casino de Montréal, propriété du gouvernement, en espérant qu’on y flambe un petit 20 $ dans une machine à sous.
Ce même gouvernement dit aux gens que « la modération a bien meilleur goût ». Cependant, il ouvre de nouvelles succursales de la SAQ, en rénove d’autres, dépense beaucoup en publicité pour vous y attirer, et vous invite en plus à posséder une carte « Inspire », dans le but de vous faire consommer et dépenser davantage. Et plus la SAQ vend, plus le gouvernement s’en met dans les poches.
Le gouvernement met aussi les gens en garde contre les dangers du tabac. On vous invite à grands coups de publicité à consulter le site J’arrête. Pourtant, ce même gouvernement récolte d’énormes montants grâce aux taxes sur les produits du tabac. Plus de 60 % du prix du paquet de cigarettes est constitué de taxes.
« L’État-pusher »
On pourrait croire que ça s’arrêterait là. Mais non! On apprenait récemment que l’État va maintenant vendre de la drogue. Le gouvernement va donc dire aux jeunes : « ne prenez pas de la drogue, c’est mal, ça va affecter votre cerveau, vous allez développer une dépendance, etc. » Mais qu’est-ce que le gouvernement vient de faire? Il a créé la SQC, la Société québécoise du cannabis, et il va vendre de la marijuana, dans l’espoir de faire beaucoup d’argent.
Malgré ses beaux discours, le gouvernement est accro aux vices. Il veut notre bien, et ne se gêne pas pour l’avoir!
La contribution de Loto-Québec au ministère des Finances s’élève à 1,2 milliard $ pour l’année financière 2016-2017. La SAQ a conclu son exercice 2016-2017 avec un résultat net de 1,08 milliard $, une progression de 1,8 % par rapport à l’exercice précédent. Les revenus provenant des taxes sur le tabac dans le budget 2016-2017 du Québec sont de 1,1 milliard $. Au total, c’est près de 3,4 milliards $ que l’État a récoltés grâce à ces trois « vices », sans compter les éventuels revenus provenant de la vente de marijuana.
La guerre aux pauvres
Les taxes élevées sur le tabac et l’alcool ont cependant des conséquences négatives sur les groupes les plus vulnérables de notre société. Par exemple, les Québécois les plus pauvres fumaient 50 % plus que les plus riches, selon les dernières données disponibles (2009). Les ménages québécois fumeurs les plus pauvres étaient également touchés quatre fois plus durement par les différentes taxes sur le tabac. Ces derniers dépensent 5,2 % de leur revenu en taxes sur le tabac, alors que les riches, eux, n’y consacrent que 1,4 % de leur revenu.
Même chose pour l’alcool. Les moins nantis payent le gros prix, puisque la part de leurs revenus consacrés à l’alcool est proportionnellement plus élevée.
Pour bien faire les choses, le gouvernement doit encadrer et assurer la mise en place de programmes de prévention et laisser les entreprises privées s’occuper de produire, distribuer, vendre et faire la mise en marchés des produits associés aux vices. À vouloir faire les deux, soit promouvoir la prévention et celle des produits eux-mêmes, le gouvernement ne fait bien ni l’un ni l’autre.
D’ailleurs, les Québécois sont majoritairement en faveur de laisser les monopoles comme celui de l’alcool au secteur privé, comme l’ont montré des sondages récents.
Le gouvernement aime envoyer le message voulant qu’il ait le bien-être des citoyens à cœur. Mais ne soyons pas dupes : ce qu’il aime avant tout, ce sont les énormes entrées fiscales que l’industrie du vice lui rapporte. Au point de commencer à vendre de la drogue.
Jasmin Guénette est vice-président aux opérations de l’Institut économique de Montréal. Il signe ce texte à titre personnel.
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