Que faire du surplus budgétaire?
Le gouvernement du Québec devrait, selon les rumeurs, annoncer un surplus dans sa mise à jour budgétaire d’aujourd’hui. Depuis plusieurs mois déjà, des économistes offrent des suggestions sur ce qu’on devrait faire avec ce surplus. Mon collègue Youri Chassin a, encore tout récemment, proposé qu’il serve à baisser les impôts.
Mia Homsy de l’Institut du Québec a, le 15 juin dernier, recommandé qu’on ne « touche pas à nos surplus » et qu’ils aillent directement au Fonds des générations. C’est une opinion tout à fait défendable, c’est vrai que la dette du Québec, si on la laisse croître, pourrait devenir inquiétante.
Le 2 août, Mme Homsy a toutefois défendu une position différente, soit celle que les surplus devraient être consacrés à la santé. « Grâce aux au redressement des finances publiques effectué au cours des dernières années, le Québec a dégagé un marge de manœuvre suffisante pour investir plus d’argent en santé à l’avenir. »
Aujourd’hui, 25 octobre, Mia Homsy publie un autre texte sur le sujet du surplus. Il ne faut plus le verser au Fonds des générations, ni l’investir en santé, mais « ces surplus doivent obligatoirement aller dans une réserve de stabilisation. » Selon Mme Homsy, « plusieurs pourraient être tentés d’utiliser cette somme pour financer de nouveaux services (ou rétablir des services qui ont été sabrés ou réduits) », comme elle l’a elle-même d'ailleurs soutenu trois mois plus tôt. Son opinion est maintenant que « le gouvernement devra résister à la tentation » et mettre ce surplus dans la réserve, ce qu’on pourrait appeler le bas de laine en cas d’imprévus du gouvernement.
Une blague bien connue prétend que si l’on met deux économistes dans une pièce, on obtiendra trois avis contradictoires. L’Institut du Québec cherche-t-il à donner un nouveau sens à cette blague?
Mathieu Bédard est économiste à l'Institut économique de Montréal. Il signe ce texte à titre personnel.
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