« Surtaxe » de 3.57 cents à la pompe… pour Québécois seulement!
Si vous vous demandez pourquoi le prix de l’essence demeure élevé malgré la chute du prix du brut à l’international, voici une partie de la réponse.
En juillet dernier je vous parlais des quelque 3 cents le litre que vous alliez inévitablement payer de plus à la pompe en raison de l’entrée en vigueur du marché du carbone, dont font uniquement partie le Québec et la Californie.
Pétro-Canada affiche maintenant sur son site web les détails des hausses de prix qui sont refilés aux consommateurs. Notez que c’est encore pire que prévu pour les automobilistes, car c’est bien 3.57 cents de plus que vous payez depuis le 3 mars 2015, et jusqu’à 4.55 cents de plus si vous utilisez un véhicule à moteur diesel. Remarquez aussi que le texte spécifie d’entrée de jeu que ces frais sont pour les « clients du Québec seulement ».
Comme je le mentionnais dans une chronique l’été dernier, l’idée d’un marché de carbone n’est pas mauvaise en soi. Malheureusement, le Québec est déjà une des provinces taxant le plus l’essence au Canada. Une famille possédant deux voitures paie déjà, bon an mal an, plus de 1200 $ par année en taxes sur l’essence.
Quant à nos entreprises, elles devront débourser pour acheter des droits d’émission au lieu d’investir dans leur développement. L’impact de ce coût supplémentaire ne peut qu’entraîner une perte de compétitivité pour les entreprises installées ici et un ralentissement de l’économie, puisque seuls le Québec et la Californie ont décidé pour le moment de mettre cet accord en application. Sans l’ajout d’autres partenaires dans ce « marché », cette initiative fait peu de sens.
Bonne nouvelle toutefois, au moment d’écrire ces lignes le Globe and Mail rapportait que l’Ontario pourrait bientôt se doter lui aussi d’un système de plafonnement et d’échange de droits d’émission de carbone. Si la nouvelle se confirme, d’autres partenaires pourraient être tentés de se joindre à ce marché.
Rappelons enfin que le Québec est déjà premier de classe parmi les dix provinces canadiennes en ce qui a trait aux émissions de GES par habitant. Même sans marché du carbone…
Youri Chassin est économiste et directeur de la recherche à l’Institut économique de Montréal. Il signe ce texte à titre personnel. Lire ce billet à partir du site du Journal de Montréal.