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Textes d'opinion

Budget du Québec : « A », si…

Le budget dévoilé mercredi contient plusieurs éléments encourageants pour l’avenir de l’économie du Québec. Notamment, les cibles de croissance de dépenses (1,8 % cette année et 0,7 % l’année suivante) sont extrêmement audacieuses (dans un contexte de politique réelle), et méritent d’être soulignées. Si elles sont respectées, ce sera une excellente chose pour l’avenir du Québec et pour les contribuables québécois.

Rappelons cependant que, depuis dix ans, les dépenses ont augmenté de plus de 4 % par année en moyenne. Or, le contrôle des dépenses est essentiel pour revenir à l’équilibre budgétaire. Imaginez : si la croissance des dépenses publiques avait été limitée au rythme de croissance de l’économie ces dix dernières années, le gouvernement du Québec disposerait aujourd’hui d’un surplus de 15 milliards de dollars! Je me répète, on ne parle pas ici de « coupures » dans les dépenses mais de l’effet qu’aurait eu un simple contrôle du rythme de croissance de celles-ci.

Le budget contient aussi d’autres mesures intéressantes, notamment le gel d’embauche, le plafonnement des émissions d’actions des fonds de travailleurs, et la diminution des crédits d’impôts et de l’aide fiscale aux entreprises. Le ministre Leitao, conscient que nous avons atteint les limites de notre endettement, a aussi eu la sagesse de renoncer à plusieurs dépenses annoncées pendant la campagne électorale.

Ce budget nous laisse par contre un peu sur notre appétit. Encore une fois, les réductions de dépenses demeurent pour l’instant des promesses, sans mesures concrètes d’annoncées ou d’organisme précis d’identifiés, alors que l’effort des contribuables – par le biais de nouvelles taxes sur le tabac, le vin et la bière entre autres – est très concret et débute dans certains cas dès minuit ce soir! Et malheureusement, on a beau être pour la vertu, ces « taxes puritaines » atteignent rarement leurs objectifs et ont souvent des conséquences non désirées.

Enfin, il faudra un jour revoir de fond en comble et prioriser les missions de l’État, si on veut éviter de répéter ce genre d’exercice à tous les 4 ou 5 ans.

À date, le gouvernement libéral démontre une volonté ferme de réduire les dépenses, quitte à se mettre à dos une foule de groupes d’intérêt. Voilà qui est louable et encourageant pour la suite des choses. C’est donc un bon budget, et je dirais même un très bon budget si, et j’insiste sur le « si », les cibles de contrôle des dépenses sont respectées. Autrement dit, je lui donne un « A » conditionnel…

Michel Kelly-Gagnon est président et directeur général de l'Institut économique de Montréal. Il signe ce texte à titre personnel.

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