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Textes d'opinion

Le Québec vit-il un exode?

Depuis plusieurs décennies le solde migratoire du Québec avec les autres provinces est structurellement négatif (c’est-à-dire que plus de résidents du Québec quittent vers les autres provinces canadiennes que l’inverse).

Toutefois, ce phénomène est compensé par un solde positif des migrations internationales (c’est-à-dire que plus d’immigrants s’établissent au Québec que de Québécois ne quittent pour l’étranger).

Il est par ailleurs intéressant, d’autres diraient inquiétant, de noter que le solde migratoire négatif du Québec sur le plan interprovincial a augmenté d’environ 70 % en 2013 par rapport à 2011. En fait, le phénomène est probablement pire car cette statistique ne tient compte que des trois premiers trimestres de 2013. Mais l’immigration internationale a, là encore, largement compensé ces pertes dans l’espace canadien.

Bref, sur le plan strictement quantitatif, si l’on inclut l’effet de l’immigration internationale, on ne peut affirmer que le Québec vit un quelconque exode. De plus, dans une société libre, il n’est pas anormal que les citoyens choisissent la mobilité.

Sur le plan qualitatif, si l’on prend comme référence un critère d’évaluation de nature plus économique, la situation est toutefois nettement moins rassurante.

Ainsi, parmi les immigrants travailleurs qualifiés admis en 2011, 23 % ont déjà quitté le Québec. Et chez les gens d’affaires admis la même année, c’est l’hécatombe, 78 % d’entre eux ayant quitté La Belle Province.

Mais ces statistiques ne répondent pas à une série de questions essentielles: Quelles sont les raisons de leur  départ? Sont-elles, en partie, propres à la situation particulière qui prévaut au Québec?

Je n’ai pas de réponses à ces questions. J’ai mes propres hypothèses mais, pour donner des réponses sérieuses, il faudrait pouvoir effectuer des entrevues qualitatives avec un échantillonnage représentatif des différentes catégories (en termes économiques) de Québécois qui ont pris la décision de partir. Ce genre d’études est difficile à réaliser et coûteuse. L’Institut de la statistique du Québec devrait idéalement être mis à contribution.

Restons attentifs à l’évolution de ces statistiques. Le Québec n’a certainement pas les moyens de perdre ce qui lui reste de forces vives sur le plan économique.

Michel Kelly-Gagnon est président et directeur général de l'Institut économique de Montréal. Il signe ce texte à titre personnel.

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