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Textes d'opinion

Le discours alarmiste sur nos forêts est erroné

Beaucoup de gens semblent croire que la forêt québécoise serait en train de disparaître. Ou encore, à cause de la coupe à blanc, qu'elle serait parsemée d'endroits ressemblant à un désert ou à un sol lunaire. Ce discours alarmiste a été popularisé il y a une quinzaine d'années par le documentaire « L'erreur boréale » du chansonnier Richard Desjardins.

Pourtant, quand on prend la peine de se rendre sur le terrain et de parler à des gens qui connaissent cette forêt – parce qu'ils en vivent -, la réalité apparaît fort différente. Et c'est une très bonne nouvelle.

Jasmin Guénette, vice-président de l'Institut économique de Montréal (IEDM), a enfilé ses bottes et son chapeau de réalisateur et s'est rendu au nord de Dolbeau-Mistassini, au Saguenay-Lac-Saint-Jean, pour réaliser une vidéo sur l'exploitation forestière. Il a donné la parole aux gens qui côtoient la forêt quotidiennement. Des opérateurs, ingénieurs forestiers, chasseurs, professeurs, techniciens, pourvoyeurs, même des Innus. Le son de cloche est nécessairement différent de celui de citadins de Montréal dont la seule expérience de la forêt est d'aller faire du jogging sur le Mont-Royal.

Les gens interviewés ne se lèvent pas le matin en se disant « je m'en vais tout déboiser et m'en mettre plein les poches! » Au contraire. Les artisans de la forêt partagent une chose : le respect de celle-ci, qu'ils cultivent comme leur propre jardin. Attention : ce court documentaire (6 minutes) risque de bousculer plusieurs de vos préjugés…

La forêt est une ressource qui se régénère. Elle peut être coupée et remise en production sans pour autant menacer son existence. D'ailleurs, les plus récentes données du ministère des Ressources naturelles du Québec le confirment : le couvert forestier québécois, qui s'étend sur 49,9 millions d'hectares, est sensiblement le même qu'en 1977.

Quand on survole le territoire comme M. Guénette l'a fait, la réalité nous apparaît bien loin des images-chocs suggérant un déboisement massif. On découvre plutôt un écosystème dynamique où l'humain prend et redonne à l'environnement.

Les exploitants forestiers n'ont d'ailleurs aucun intérêt à couper au-delà de la capacité de régénération de la forêt. Les gens s'assurent que ce soit bien fait, afin de protéger l'économie de la région.

Cela ne devrait pas nous surprendre. Car la recherche du profit peut améliorer la qualité de l'environnement. Dans une économie compétitive, la concurrence oblige les fabricants à faire toujours plus et mieux en réduisant leur consommation de ressources par unité produite. La pollution est une forme de gaspillage qui n'a jamais été rentable à long terme. Au contraire, la recherche du profit récompense les acteurs économiques les plus efficaces, c'est-à-dire qui font continuellement plus et mieux en utilisant moins de ressources.

C'est encore plus vrai lorsqu'une ressource comme la forêt est votre « garde-manger » et l'avenir de vos enfants, comme c'est le cas pour plusieurs personnes interviewées dans ce documentaire.

En passant, des environnementalistes ont critiqué la vidéo en laissant entendre qu'il s'agissait d'une commande de l'industrie. Cette vidéo a coûté environ 60 000 $ à produire, en incluant le temps consacré par les employés de l'IEDM et autres coûts internes. Par ailleurs, nous ne comptons qu'une seule compagnie forestière parmi nos membres, et son « membership » annuel est de 7 000 $. Quand des gens refusent de débattre du fond et tentent plutôt de faire dévier le débat sur une question de financement, cela démontre toute la faiblesse de leur argumentaire.

Michel Kelly-Gagnon est président et directeur général de l'Institut économique de Montréal. Il signe ce texte à titre personnel.

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